« La perpétuité, c’est le désespoir programmé.
De mon expérience, je peux modestement vous livrer ce constat : la peine est comme une échelle, à chaque barreau son seuil, un palier, une année de plus est parfois une année de trop. C’est donc aussi tout le sens de la juste peine, car gardons-nous de chercher une peine juste, elle n’existe pas pour répondre à la mort d’un enfant.
Le crime a placé mon client hors de la considération sociale. La peine que vous prononcerez doit l’y intégrer et faire mentir le désespoir. » Page 126
« Ce jour où nous partageons un morceau d’ordinaire. Je n’ai pas eu envie de fuir, ni de vomir, ni de rien ourdir. Vous êtes là, échassier, avec votre humanité encombrante et je suis convaincue que nous ne vous résumez pas au fils, mari, père dont j’ai entendu les récits. » page 84-85
La question est sans réponse a priori. Comment, lorsque gronde la colère des faits, affirmer autre chose que ce qu’il est commun d’entendre ? Eviter l’hyperbole au profit de la mesure ?
est-on un monstre parce que l’on a commis une monstruosité ?
la prison, au risque de perdre son sens, ne peut pas être qu’un lieu de relégation où la société enferme le pire d’elle-même
e deviendrai au fil des audiences le salaud d’avocat. La doxa a toujours raison. Alors, pour conjurer l’opinion, je me suis dépêchée de trouver un sens à votre défense, avant que ce qui nous faisait converger l’un vers l’autre ne tourne à l’hostile.
J’ai commencé avec vous par la fin, puisque vous reconnaissiez l’ensemble des faits, que vous étiez coupable et responsable de vos actes. Commencer par la fin, c’était le sens de votre histoire, celle qui allait devenir la nôtre.
Cette histoire que vous aviez débutée sans moi, dans laquelle j’allais m’insinuer par obligation et tenter d’y inscrire une suite.