Sébastien est un pré-adolescent de 13 ans. Sa vie bascule lorsqu'il rencontre la psychologue scolaire qui l'oriente vers un institut spécialisé adapté pour lui : les Etangs. Il croise la route de Dubochel, une forte tête qui l'entraîne dans différentes péripéties.
Ce court roman qui fait partie de la sélection Cezam 2011 se lit d'une traite. Il est découpé en de petits chapitres ramassés. Ceux-ci se présentent sous forme d'une alternance entre des moments où le narrateur –
Sébastien – est interrogé par un homme qui semble avoir une ascendance sur lui et des moments où il raconte ses souvenirs à cet homme. le lecteur a donc l'impression d'un temps dédoublé, entre le présent porteur de mystère et de suspens et le passé, où jaillissent l'histoire et les émotions de
Sébastien.
L'histoire laisse la part belle aux ressentis du jeune narrateur. Ce dernier est-il porteur de l'uniforme noir comme le précise la quatrième de couverture, uniforme réservé aux déficients mentaux ? Ou bien a-t-il revêtu l'uniforme blanc, celui des « normaux » ? La psychologue scolaire doute du diagnostic dans un compte-rendu complexe mais qui rend bien la réalité des bilans psychologiques.
Sébastien voue une affection et une tendresse toutes particulières à son grand-père. Il le décrit avec beaucoup de sensibilité : « C'est drôle comme ses mains me faisaient du bien. C'était rugueux. C'était rêche et presque râpeux. C'était énorme, avec de grosses veines bleues courant jusqu'aux poignets. Mais c'était chaud. Rassurant » (p. 43).
Le style est direct, sans fioritures, en prise avec les émotions de
Sébastien. L'alternance entre les deux temps du récit sait ménager un suspens que vient préciser la fin. Un récit juste, tout en sensibilité et en concision. Une galerie de personnages attachants, une fin inattendue qui donne un réel tour humain au narrateur. Un récit sans prétention véritablement bouleversant.