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Critique de ghislainemota


C'est le choc. Choc qui dure depuis plusieurs jours après la lecture de "Et la mer pour demeure"

Ce recueil de sept nouvelles soulève la colère de Chantal T. Spitz.
Elle rapporte des vies saccagées en Polynésie française. Elle s'évertue à briser le mythe de la vahiné propagé par les films et affiches des années 1950.
Elle ne s'attarde pas sur les traditions mais regarde d'un oeil acéré des vies gâchées comme celle de Louisette, souffre-douleur de sa mère, fille d'un père démissionnaire et petite fille d'une grand mère toxique. Louisette qui devra se prostituer pour survivre laissant dans le lointain horizon l'avenir d'un foyer aimant.
To'imata aussi passe par le broyeur.
Dans un moment de folie lucide, de haine alcoolisée, de jalousie ignoble, son père passe sa rage sur sa femme massacrant son visage pour ne plus voir sa propre vie misérable dans les yeux d'Adeline.
Ces drames passent sous silence mais les traumatismes restent.
La nouvelle qui m'a chamboulée aussi est celle de "Edwin" garçon de huit ans ayant perdu tragiquement sa famille et devant réparer son corps cadenassé.

Toute cette violence se calque à merveille avec la couverture; un bâillon pour le silence, une vulve ensanglantée pour les douleurs.
Cet horizon sombre, ces douleurs contenues sont traduits en poésie . L'horreur émergeant davantage avec cette forme et impactant très fortement le lecteur.
Avec une écriture chirurgicale (pas de ponctuation ni de majuscule) Spitz joue avec les mots défonçant notre lecture à coups de marteau-piqueur.
Ces nouvelles m'ont éclairé sur la vie indigne que subissent les polynésiens français et je suis ressortie avec une carte postale non pas décevante mais perturbée par tant de malheurs.

Une poésie troublante mais indispensable pour ouvrir les yeux sur une réalité qui touche la planète entière malheureusement.
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