AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782367344690
96 pages
Au Vent des Iles (06/10/2022)
3.5/5   5 notes
Résumé :
Dans ce nouveau recueil, Chantal T. Spitz nous livre sept courtes nouvelles ancrées en Polynésie. Sept textes qui sont autant de tableaux sombres et violents. Des textes forts qui coulent à la manière d’un slam, s’imprègnent et résonnent. Une prose sans ponctuation, empreinte d’oralité et de poésie dans laquelle l’autrice s’accapare cette langue jusqu’à la tordre.
Que lire après Et la mer pour demeureVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
C'est le choc. Choc qui dure depuis plusieurs jours après la lecture de "Et la mer pour demeure"

Ce recueil de sept nouvelles soulève la colère de Chantal T. Spitz.
Elle rapporte des vies saccagées en Polynésie française. Elle s'évertue à briser le mythe de la vahiné propagé par les films et affiches des années 1950.
Elle ne s'attarde pas sur les traditions mais regarde d'un oeil acéré des vies gâchées comme celle de Louisette, souffre-douleur de sa mère, fille d'un père démissionnaire et petite fille d'une grand mère toxique. Louisette qui devra se prostituer pour survivre laissant dans le lointain horizon l'avenir d'un foyer aimant.
To'imata aussi passe par le broyeur.
Dans un moment de folie lucide, de haine alcoolisée, de jalousie ignoble, son père passe sa rage sur sa femme massacrant son visage pour ne plus voir sa propre vie misérable dans les yeux d'Adeline.
Ces drames passent sous silence mais les traumatismes restent.
La nouvelle qui m'a chamboulée aussi est celle de "Edwin" garçon de huit ans ayant perdu tragiquement sa famille et devant réparer son corps cadenassé.

Toute cette violence se calque à merveille avec la couverture; un bâillon pour le silence, une vulve ensanglantée pour les douleurs.
Cet horizon sombre, ces douleurs contenues sont traduits en poésie . L'horreur émergeant davantage avec cette forme et impactant très fortement le lecteur.
Avec une écriture chirurgicale (pas de ponctuation ni de majuscule) Spitz joue avec les mots défonçant notre lecture à coups de marteau-piqueur.
Ces nouvelles m'ont éclairé sur la vie indigne que subissent les polynésiens français et je suis ressortie avec une carte postale non pas décevante mais perturbée par tant de malheurs.

Une poésie troublante mais indispensable pour ouvrir les yeux sur une réalité qui touche la planète entière malheureusement.
Commenter  J’apprécie          322
La première chose qui frappe lorsqu'on a le livre entre les mains, c'est l'illustration de la page couverture, annonciatrice des oppressions et des violences dont il sera question dans les sept nouvelles qui le composent. La seconde est la forme du texte, à mi-chemin entre la prose et le vers, à la ligne et sans ponctuation, un texte scandé fort poétique et chargé d'intensité, qui montre l'envers du décor polynésien: les clichés qui persistent et les maux qui gangrène la société. Deuil, accès à l'indépendance, exploitation des richesses, perte des valeurs ancestrales, féminicide, itinérance au féminin, tels sont quelques-uns des thèmes qu'aborde l'auteure et qui rendent compte des traumatismes de son peuple. Si je n'ai pas été touchée par toutes les nouvelles de façon égale, j'ai été impressionnée par le travail de la langue, que j'aurais peut-être davantage apprécié à petites doses…
Commenter  J’apprécie          150
Ce kaléidoscope de ressacs et de turbulences est magnifiquement dépeint. Dans une langue polynésienne, riche d'idiosyncrasie et d'habitus.
Ici gravitent le monde, l'oublié, le rebelle, le torturé, la belle prostituée...Tant de symboles et de résurgence !
Sublime de par ses traits de caractère et de ténacité.
Huit nouvelles, marée-haute. L'oralité qui dévoile d'une voix douce les souffrances d'un peuple. Des êtres éperdus dans les violences intestines.
C'est un pan sociétal, sociologique, politique et engagé qui couronne ce livre-sève et nécessaire.
« et la mer pour demeure » sans majuscule avec cette humilité des mots choisis dans l'extrême pouvoir des dires.
« il aimerait qu'elle le regarde le touche lui sourit comme ils étaient tous ensemble à la maison il se fait pierre pour ne pas rider son immobilité il se fait rien pour ne pas froisser son silence »
Écoutez le chant qui se fraie un passage dans une trame sans points ni virgules ni ponctuations. Comme de l'eau fraîche qui s'écoule entre vos mains en coquilles.
« Ils pleurent sur le rêve »
« dès les premières attaques beaucoup sont blessés évacués après négociations suit le cortège des désespérés qui tuent leur courage pour vivre leur lâcheté »
Cruciaux, dévoués aux résistances, ces morceaux d'architecture « les indécences inégalitaires s'estompent les services publics s'effacent les destins s'aèrent »
Puisqu'il est l'heure d'un épistolaire litanie, sel et écume, « arracher les images les cris le désordre d'un chaos convulsif espace fugace qui dévore leur présent extorque leur avenir »
Les sentiments, les errances, les ombres furtives, les déchirures, l'indépendance fronton qui vacille. Les êtres encerclés dans l'intrinsèque des turpitudes. Renaissance par l'amitié et ses ferveurs, Pape'ete est rémanence et forces vives. On ressent une autrice conférencière par ses mots. L'étendue polynésienne jusqu'au vaste des intelligences, des observations et des palpitations polynésiennes. Tahiti, carte postale spéculative. Ici, tout semble vrai, à cris et larmes. Peuple assigné dans ses batailles. « et la mer pour demeure » « garder en moi les flamboyantes mémoires qui continueront d'habiter les oublis de mes prochaines vies et la mer pour demeure de cette vie présente »
Magistral, d'utilité publique, de haute contemporanéité, cet écrin aux huit merveilles est une page de nos vies enlacées avec eux, nous et Chantal T. Spitz. Incontournable et la pleine lune en front de mer. Publié par les majeures Éditions Au vent des îles.
Commenter  J’apprécie          30


Videos de Chantal T. Spitz (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Chantal T. Spitz
Derrière chaque paradis, il y a un enfer. Bienvenue en Polynésie ! Dans le lagon de Moorea, les eaux calmes et bleues bercent quelques voiliers tranquilles. Les cocotiers dansent au vent. Les tiarés exhalent leur parfum. Pourtant, à l?abri de la forêt, des flammes se fraient un chemin vers le ciel. Lilith Tereia, jeune photographe, tourne son appareil vers le bûcher. Devant son objectif, des bras, des jambes, des troncs se consument. Et quatre têtes. Pour quels dieux peut-on faire aujourd?hui de tels sacrifices ? Avec Maema, journaliste au quotidien de Tahiti, Lilith est happée dans le tourbillon de l?enquête. Les deux vahinés croiseront le chemin d?un homme venu de France chercher une autre vie. Un homme qui tutoie la mort.
« La perle noire du polar. » Julie Malaure, le Point. « Un diamant dans l?univers du noir. » Jérôme Pitt, libraire Furet du Nord, Lille. « Un polar azur qui démonte les clichés. » Chantal T. Spitz, auteure, directrice de la revue Littérama'ohi. « Un grand roman qui offre un voyage diabolique. » Benoît Minville, auteur, libraire Fnac Défense.
+ Lire la suite
autres livres classés : océanieVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (8) Voir plus



Quiz Voir plus

A l'abordage : la mer et la littérature

Qui est l'auteur du célèbre roman "Le vieil homme et la mer" ?

William Faulkner
John Irving
Ernest Hemingway
John Steinbeck

10 questions
504 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , mer , océansCréer un quiz sur ce livre

{* *}