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Critique de secondo


Pour Ki : Qui aime comprendre les rouages de la 2ème guerre mondiale, la grande roue et toutes les petites vies-nacelles qui la constituent.
Pour Koi : Pour s'interroger et disséquer l'innommable.
Pour Kan : Quand on a le temps de relever les yeux et de réfléchir.

Cela fait partie de notre histoire et même si l'on voudrait tout oublier, il faut pourtant s'y replonger, pour s'en imprégner et pour se poser les questions quand il est encore temps.

Comprendre cette femme. Quelle femme ?
Celle qui est prête à tout pour sauver son enfant au nom d'un idéal, d'une urgence appelée liberté ou celle qui est prête à tout pour sacrifier ses 6 enfants au nom d'un idéal, d'une suffisance appelé gloire.
C'est l'étendue entre ces deux femmes que délimite ce roman, tout en finesse, étonnamment troublant, poétique, lyrique, tendu. Qu'est-ce qui fait la différence entre elles, qu'est-ce qui fait que l'on se transforme en une Fela ou une Magda ?
Ce sont les deux côtés d'une même espèce, d'une même féminité, d'un même avenir, vu sous le prisme diamétralement opposé de l'horreur et de la rédemption.
Il faut suivre une course de relais qui démarre avec Aimé, et un passage de témoin en forme de rouleau de cuir contenant des lettres, des preuves, des témoignages. C'est la mémoire, car c'est bien tout ce qui reste quand le reste est tué, bafoué, enterré, presque oublié.

Dans cette course de l'horreur on fera la rencontre de Judah le résistant, de Fela la courageuse et d'Ava l'enfant qui ne sait se cacher pour préserver sa vie. Et grâce à eux, au prix de leurs vies, la mémoire est sauve, l'honneur est sauf.
Mais il faut suivre également Magda, et là c'est plus difficile, car on manque de compassion pour cette mère capable d'appeler ces 7 enfants avec un prénom commençant par un H,
Harald, Helga, Hildegarde, Helmut, Holdine, Hedwig, Heidrun en soumission à un H historique et abject. Mais l'auteur ne nous laisse pas le choix, cette Magda Goebbels, reniant père, racines et rêves, nous entraine dans son bunker vers une fin infernale.
Les trois premiers quarts du livre sont écrits dans un style absolument terrifiant de précision et de réalisme, des coups de bâtons littéraires.
Le dernier quart est quelque peu enrayé et n'a pas la force tranchante du début, comme si la ligne d'arrivée enlevait un peu de la puissance romanesque, comme si l'intervention du journalisme de guerre brisait la tension poétique par son côté pragmatique et relayeur de faits.

Toutefois c'est un roman qui atteint son but, transmettre encore et toujours l'indicible, rattraper tout ce qui aurait pu se perdre, ce qui n'a tenu qu'à un fil, à une respiration et nous passer le témoin, à nous lecteur pour que nous continuions le travail de mémoire.
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