AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Nastie92


Ce roman a reçu le prix littéraire de l'ENS Paris-Saclay 2018. (ENS = École Normale Supérieure)
Ce prix, autrefois nommé "prix littéraire de l'ENS Cachan", a été créé il y a dix-huit ans par une librairie de Cachan (lieu d'implantation de l'ENS jusqu'à son déménagement à Saclay) qui est partie du constat que "les élèves de l'école sont des lecteurs curieux, attentifs et émettant des avis intéressants".
Le jury est chaque année composé de quinze élèves volontaires qui lisent les quinze livres sélectionnés par le comité d'organisation composé de membres de l'École. Les livres sont des premiers romans et sont écrits en français.
J'aime cette idée de jury composé de jeunes, étudiant des matières aussi diverses que les mathématiques, la chimie, les sciences sociales, la gestion, etc. Je trouve qu'il y a un regard plein de fraicheur et indépendant de considérations éditoriales, contrairement à d'autres prix plus prestigieux, mais dont les ouvrages primés ne sont pas toujours à la hauteur de ce que l'on pourrait attendre.
Pour terminer sur ce sujet, j'ajoute que Sorj Chalandon a été primé en 2006 pour le petit Bonzi.
Ils ont bon goût les étudiants de l'ENS Paris-Saclay, non ?
Sorj Chalandon a fait du chemin depuis, et je souhaite à Sébastien Spitzer la même réussite.

L'auteur a mis Magda Goebbels au centre de son livre.
Excellent choix !
Détestable, cette femme est un vrai personnage de roman. Une ambition démesurée conjuguée à un fanatisme extrême font d'elle un être sans aucun scrupules, prêt à tout pour "réussir". Et sa grande "réussite" sera de devenir une sorte de Première dame du Reich grâce à son mariage d'intérêt avec Joseph Goebbels.
L'histoire de Magda Goebbels est connue. À la fin de la guerre, terrée dans dans le fameux bunker de Berlin, elle comprend que tout est fini. Que ses années de gloire sont finies. Que l'Allemagne nazie est finie. Alors, elle tue les six enfants qu'elle a eus avec Joseph Goebbels puis se suicide avec lui.
L'évocation seule de Magda Goebbels fait froid dans le dos, alors, imaginez le récit qu'en fait Sébastien Spitzer ! D'autant qu'il est extrêmement bien fait.
Je me demande souvent comment font les écrivains ou les scénaristes pour créer d'horribles personnages, d'authentiques méchants. Ici, l'auteur n'a pas eu besoin de créer puisque son personnage est, hélas, bien réel. Il n'a eu qu'à puiser dans le matériau d'une documentation historique abondante.
Juste deux exemples qui suffisent pour se faire une opinion.
Un officier présent dans le bunker a témoigné à l'époque en ces termes : « Jusqu'à la fin, Mme Goebbels n'a montré aucune peur de la mort. Fringante et élégante, elle avait l'habitude de monter l'escalier en colimaçon en prenant la plupart du temps deux marches à la fois. Elle avait toujours un sourire aimable pour tout le monde… peut-être cette force de caractère admirable venait-elle de sa foi fanatique en Hitler »
Magda Goebbels a écrit à son fils Harald, né d'un premier mariage, que « le monde qui va venir après le Führer et le national-socialisme ne vaut plus la peine qu'on y vive ».
Charmante personne, non ?
Sébastien Spitzer raconte la vie de Magda Goebbels et y entremêle d'autres récits.
Son livre est très bien construit et la tension va crescendo jusqu'à la fin dans le bunker. Cette fin atroce lors de laquelle une mère est capable de tuer froidement ses six enfants.
Un premier roman très documenté et à l'écriture maîtrisée, sur un sujet qui ne peut laisser personne indifférent.
Commenter  J’apprécie          554



Ont apprécié cette critique (53)voir plus




{* *}