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Critique de Biblioroz


Les souvenirs de Mark Spragg sont indissociables de cette terre sauvage du Wyoming.
Pris lui-même par la force et la vivacité de ses récits ancrés dans le ranch familial, il passe du passé au présent. Alors, progressivement, à lire les morceaux de vie qui lui reviennent en mémoire, j'imagine une voix rauque dans une cabane en rondins, un feu qui crépite dans un coin, une peau d'ours qui recouvre le sol poussiéreux et des têtes de cerfs, de wapitis ou d'élans clouées sur les murs.

C'est envoûtant, je rentre dans le récit.

Mark a onze ans et il travaille pour son père dans ce ranch-hôtel. Un travail d'homme pour grandir et se sentir utile. Un travail de cow-boy, en symbiose avec les chevaux. Il me parle de son amour, de l'importance des soins et surtout de la confiance indispensable entre l'homme et l'animal. Il raconte l'élégance des chevaux qui s'égaillent dans la vallée, leurs piétinements dans les corrals, le cliquetis de leurs fers contre la pierre des chemins.
Dans les herbes hautes, sur les sols caillouteux ou foulant des tapis d'aiguilles de pins, il chevauche et guide des touristes venus rechercher le grand air, pêcher dans les rivières, chasser et camper dans la pinède.
Il me parle d'une nouvelle paire de bottes en cuir qu'il faut dompter pour éviter les ampoules, des caprices des chevaux qui parfois se cabrent et le propulsent par terre, du sang des bêtes tuées pour se nourrir, des hommes qui viennent tuer le grizzli pour aligner leurs trophées sur leurs murs de citadins.
Il fait ressortir la lumière diffusée par la lune ou le soleil et qui joue dans la vallée et sur les montagnes alentour.
Il me montre les buissons de sauge sur les rives de la Shoshone, les pins, les épicéas et les trembles qui s'habillent d'or en automne, les coyotes et les corbeaux autour des charognes. Il se souvient de la fraîcheur de l'air nocturne et de la neige qui peut apparaître soudainement. Toute cette nature qui forme l'homme mais où toute négligence peut y être fatale.
Il se rappelle les cils couverts de givre, le vent incessant, le bruit de la rivière qui bouillonne et brunit lors des crues.
Mais il ne se contente pas uniquement de dessiner des anecdotes de sa vie de cow-boy, il glisse aussi dans ses récits des pensées, des images qui le surprennent.
Et sur la fin, il se rappelle sa mère…

De récit en récit, il faut se laisser guider, sans chercher l'histoire, il n'y en a pas. Ou alors elles sont multiples mais sans début ni fin. J'en garderai un souvenir de grands espaces sauvages où l'odeur de sauge s'élève de la rivière, où les chevaux hennissent en choeur et les corbeaux croassent à l'unisson.
Une jolie découverte pour sortir un peu des romans et respirer l'air vivifiant du Wyoming.
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