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Critique de Trollibi


« Nous vivons dans un monde de fiction. Une fable. Déconnectée de la réalité. La prospérité matérielle dont nous bénéficions depuis deux siècles repose sur une énergie abondante et bon marché… L'accumulation de bien de consommation… Et la destruction de la nature.
Que nous le voulions ou non… notre mode de vie et les émissions de CO2 sont liés de façon organique. Que cela nous plaise ou non, il y a des gaz à effet de serre partout… Dans notre nourriture, nos voitures, nos loisirs.
Ce qui est en cause avec la crise climatique, c'est chacune des nos activités, chacune de nos envies… Tout produit acheté en magasins… Notre façon de manger, de nous déplacer, de nous chauffer.
Éradiquer le CO2 de nos sociétés et de nos mentalités ne sera pas facile.
Où couper en premier ? » (pp.219-221)

Alors qu'il prépare un album sur le bilan des politiques libérales menées pendant le secon mandat de Chirac, Philippe Squarzoni se retrouve devant le bilan écologique des gourvernements Raffarin et Villepin. Mais comment parler des questions d'environnement sans comprendre de quoi il s'agit ? Philippe Suarzoni se documente alors sur les problématiques liées à l'environnement. C'est le point de départ de « Saison brune » et d'une réflexion qui le portera très loin sur notre rôle et notre volonté à changer (ou pas) pour limiter les dégâts liés au réchauffement climatique.

Cette BD est construite à la manière d'un vrai documentaire, comme on peut en voir à la télévision : les données scientifiques précises, des graphiques, des chiffres, des études sont commentées par différents intervenants qui prennent la parole à toute de rôle ; leurs interventions sont entrecoupées par le réalisateur » qui s'implique personnellement dans son quotidien ou par sa voix off qui se superpose sur des plan larges de paysage, sur des couvertures de magazine ou de livres, des images choc dont certaines sont des reproductions très réalistes de réelles images tirées de l'actualité. Au niveau information, c'est très dense et on touche à tous les aspects de la problématique liée au climat : l'effet de serre, le GIEC, la montée des eaux, la sécheresse, les réfugiés climatiques, les enjeux politiques Nord- Sud, les énergies fossiles et les énergies renouvelables, le nucléaire, la politique libérale et capitaliste, le climatosceptisisme… Tous les faits et les chiffres que l'auteur a patiemment collectés ont entraîné chez lui une prise de conscience de l'urgence qu'il y a à faire bouger les lignes mais il se retrouve face à ce dilemme : bien qu'ayant conscience que nous allons droit dans le mur, serons-nous capable de renoncer à notre confort pour tenter de changer la situation ? Son constat est sans appel, il emprunte à Woody Allen une de ses citations pour l'illustrer : « J'aimerais terminer sur un message d'espoir. Je n'en ai pas. En échange, est-ce que deux messages de désespoir vous iraient ? » (p.476)

« Saison brune » mériterait d'être collée sous le nez de tous les climatoscpetiques, histoire de (tenter de) leur ouvrir les yeux sur une situation qu'ils continuent de nier encore et encore. C'est une BD coup de poing, qui doit se digérer, même quand on est déjà bien informés et qui n'invite pas du tout à garder espoir en l'espèce humaine. Nous sommes en 2021, elle a été éditée en 2012 et… rien n'a changé…

(Découverte n°6 du Sac Mystère n°25 - BD « Ecolos » de la Bibliothèque publique de Huy)
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