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Critique de ChatDuCheshire


"L'hôtel de verre" n'est pas la suite de l'excellent roman d'anticipation de la même auteure, "Station Eleven". Néanmoins il est en lien avec lui pour diverses raisons.
Ainsi "L'hôtel de verre" se déroule dans un des mondes parallèles imaginé par August, l'un des personnages de "Station Eleven", à savoir un monde où la pandémie au coeur du récit dans "Station Eleven" n'a pas (eu) lieu. En témoignent la présence, dans "L'hôtel de verre" de deux personnages, Miranda et son patron de compagnie maritime Leon Prevant, qui figuraient aussi dans "Station Eleven" mais dont le destin sera ici, par la force des choses, différent.
"L'hôtel de verre" fait également écho à "Station Eleven" du fait qu'une catastrophe, certes plus feutrée, s'y déroule également, à savoir la crise financière de 2007-2008 et, en particulier le destin de ceux qui furent affectés par la pyramide de Ponzi mise en place par Jonathan Alkaitis, personnage manifestement inspiré d'un certain Bernard Madoff...
Signalons aussi l'omniprésence, dans "L'hôtel de verre", comme dans "Station Eleven", de fantômes certes dans un sens un peu plus évanescent dans ce dernier opus.
Enfin deux des personnages principaux de "L'hôtel de verre", Paul et surtout sa demi-soeur Vincent, sont originaires d'un "trou perdu" au Canada, comme Arthur Leander et Miranda dans "Station Eleven".
On pourrait sans doute multiplier les points de rapprochement comme, aussi, le fait que Leon Prevant mènera, dans son grand-âge au sein du récit de "L'hôtel de verre", une vie qui ressemble de manière troublante à celle qui constitue le quotidien des personnages de "Station Eleven".
Pour ma part j'ai commencé par lire "L'hôtel de verre" avant de me plonger dans "Station Eleven". Peu importe l'ordre de lecture finalement puisqu'il s'agit de mondes parallèles et les deux romans existent indépendamment l'un de l'autre mais c'est intéressant de lire les deux et de les axer l'un par rapport à l'autre.
Enfin, j'oubliais, autre point commun, stylistique celui-là, il s'agit d'un "time-jumping novel", un roman où l'on saute constamment d'une époque à l'autre dans le récit, ce qui crée une sorte de tension ou suspense mais qui peut irriter.
Ici nous avons donc Paul, musicien talentueux mais étudiant médiocre avec de gros problèmes de drogue, et sa soeur Vincent, enfant d'un second lit dont Paul est envieux, ayant le sentiment d'avoir été abandonné par son père pour cette autre vie et cette autre enfant. Paul se voit pourtant offrir la possiblité de faire des études, une chance qu'il gâche allègrement, tandis que Vincent se retrouve à voguer d'un petit boulot à l'autre pour échouer finalement au poste de barmaid à l'hôtel de verre, un luxueux établissement proche du lieu de son enfance, coupé de tout en pleine nature. Paul viendra l'y rejoindre dans le personnel d'entretien pour un court moment jusqu'au jour où un graffiti à l'acide sur une baie vitrée de l'hötel se manifeste sous les yeux effarés de Leon Prevant, alors de passage : "Et si vous avaliez du verre brisé ?" Mais ce graffiti lui était-il vraiment destiné ? Peu après le propriétaire de l'hötel Jonathan Alkaitis, descend sur les lieux et quelque chose se noue entre lui et Vincent.
Vincent mènera une vie de luxe avec Alkaitis jusqu'au jour de la catastophe. Quant à son frère il resurgira dans des circonstances assez étonnantes....
Ce roman n'est pas aussi spectaculaire que "Station Eleven", bien sûr, mais son style est plus poétique, plus introspectif, une aura indéfinissable de mystère flotte aussi et on sent, une fois de plus, la présence de ces "mondes parallèles" en toile de fond. La description de cette sorte de machinerie infernale qui mènera à la mise en place par Alkaitis de sa pyramide de Ponzi, appréhendée non seulement du point de vue des victimes mais ici, et c'est le plus intéressant, de son point de vue et de celui de ses collaborateurs, est extrêmement fine et plausible. Que l'on puisse combiner crise financière et atmosphère élégiaque est assurément un tour de force et marque encore l'originalité de cette auteure. J'hésite maintenant à lire ses romans plus anciens, de peur d'être déçue. Aussi si certains d'entre vous les ont lus, je serais heureuse d'entendre votre avis?
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