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Critique de 5Arabella


Après ma lecture de Sur la route de Babadag, j'attendais en ouvrant Fado la suite. Mais Andrzej Stasiuk n'écrit jamais deux fois le même livre. Il commence bien à nous parler de ses voyages, toujours dans les mêmes contrées des confins de l'Europe, mais l'angle d'approche est différent. Les textes sont plus courts, au départ il ne semble pas avoir de lien entre les différents moments ou sensations évoqués. Ainsi il nous parle d'un voyage en Albanie, et d'un chauffeur de taxi qui écoutait une chanteuse de Fado, cette musique nostalgique qui convient bien finalement au monde en train de disparaître auquel il est attaché. Un drôle de monde ; par exemple son éditeur albanais lui explique que la parution de son livre sera retardée, à cause des quotidiennes coupures d'électricité. Nous découvrons que l'essentiel de la production en Albanie provient de centrales hydrauliques, qui lorsqu'il n'y a pas suffisamment d'eau ne tournent plus. Et ces centrales sont situées dans des montagnes, dans lesquelles les habitants vivent comme au dix-neuvième siècle, dans des maisons en pierres épaisses, le transport se fait à dos d'âne, et il n'y a ni eau courante ni électricité. Et c'est à cet endroit dans lequel le temps semble s'être arrêté qu'est produite l'électricité qui dans les lieux plus modernes du pays fait marcher les machines, les ordinateurs, les téléviseurs.
Et Stasiuk a une grande nostalgie de ce monde qui disparaît, ces anciennes coutumes, gestes séculaires, ce mode de vie en train de s'éloigner dans le néant, dans lequel la principale richesse des habitants est le temps dont qu'ils ont à disposition des quantités infinies. Plusieurs temps semblent se télescoper dans les endroits que l'auteur traverse, le passé et la modernité, même si cette dernière prend une forme parfois caricaturale, et peu engageante.
Dans la deuxième partie du livre, l'auteur nous montre l'endroit dans lequel il vit, dans les Carpates, un lieu qui ressemblent à tous ces lieux dans lesquels il voyage, où pour amener sa fille à l'école en hiver, il lui faut d'abord empoigner sa pelle et dégager la neige. Et la nostalgie de sa propre enfance, qu'il revit en partie dans celle de sa fille. Les souvenirs du petit citadin dans la campagne de ses grands-parents, avec l'eau tiré du puit, les vaches à traire, les chevaux à rentrer, comme cela s'est passé pendant des siècles, et comme cela ne se fera sans doute plus. Un monde qui disparaît en même temps qu'une vie s'écoule. le titre Fado résume en réalité très bien cette double et parallèle nostalgie, la tristesse, le regret, de voir le monde que l'on a connu ne plus être, en même temps que sa propre vie se raccourcit, que certains événements, personnes, sensations, ne sont plus que des souvenirs.
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