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Critique de GabySensei


Le nouveau livre de Jón Kalman Stefánsson est absolument magnifique !

Il nous raconte la vie d'Ásta et de ses parents dans l'Islande des années 50. Alors qu'il pourrait se contenter de nous raconter ces vies dans un style naturaliste qu'il maîtrise parfaitement, il prend le parti d'exploser la narration en mélangeant au sein d'un même chapitre, parfois d'une même phrase, les temps et les époques, les personnages, les espoirs et les désillusions. Le tour de force de Stefánsson est que cela ne rend pas le livre difficile à lire. Au contraire, la lecture reste d'une fluidité stupéfiante, alors que l'écriture de Stefánsson gagne en profondeur et en subtilité. "Il est impossible de raconter une histoire sans s'égarer, sans emprunter des chemins incertains, sans avancer et reculer, car nous vivons en même temps à toutes les époques. (P463) "Il n'est désormais plus possible de raconter l'histoire d'une personne de manière linéaire, ou comme on dit, du berceau à la tombe. Personne ne vit comme ça." (P35)

Le livre de Stefánsson est un hommage à la vie, à l'amour, à ses désillusions, aux regrets, à la folie et à la douleur de vivre. Ses personnages aimeraient aimer comme il faut, mais ils n'y arrivent pas. Ils sont à contretemps, n'arrivent pas à dominer leurs instincts. Ils sont sans méchanceté ni malice, mais il est difficile d'affronter la vie et il est parfois plus simple de fuir face à elle (à l'étranger, dans l'alcool, dans l'écriture...). Et tout cela se transmet et se reproduit de générations en générations, sur fond d'Islande qui elle-même se transforme (modernité, tourisme de masse...). Car le plus grand tallent de Stefánsson, c'est évidement de nous faire vivre en Islande le temps d'un livre. On ressent la fragilité des hommes qui essaient de survivre dans cette nature hostile. On ressent le froid, la solitude, l'âpreté de la nature, avec cette langue poétique et admirablement rendue par la traduction d'Eric Boury.
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