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Critique de Arakasi


Première moitié du XXe siècle : les Etats-Unis ploient sous le joug de la Grande Dépression. Partout sur le territoire, des ouvriers et artisans se retrouvent sans travail, des fermiers sont chassés de leurs terres par la pression impitoyable des banques et voient leurs maisons et leurs champs réduits en ruines par les tracteurs de leurs créanciers. Les Joad, une petite famille de paysans de l'Oklahoma, sont frappés de plein fouet par la crise. Chassés du jour au lendemain de chez eux, ils affrontent un choix difficile : rester en Oklahoma et crever sur place ou quitter les seuls terres qu'ils aient jamais connues pour chercher un hypothétique travail ailleurs.

Mais où trouver encore du travail dans un pays ravagé par le chômage ? En Californie, pardi ! La Californie, cette terre promise où les arbres ploient sous le poids des fruits à cueillir, où les champs de coton recouvrent le sol sur des centaines de kilomètres et où affluent maintenant des milliers d'affamés prêts à tout pour remplir leurs ventres et celui de leurs progénitures. Qu'y trouveront-ils ? Richesse ? Abondance ? Ou plus probablement une misère encore plus noire que dans leurs états d'origine, misère encore rehaussée par le cynisme des grands propriétaires et les violences d'une police sans scrupules. Et la longue errance des Joad commence, les hommes souffrent, les femmes s'humilient, les enfants ont faim et « dans l'âme des gens, les raisins de la colère se gonflent et mûrissent, annonçant les vendanges prochaines. »

Désespérant… C'est le premier mot qui vient à l'esprit en lisant « Les raisins de la colère ». Se plonger dans le chef d'oeuvre de John Steinbeck équivaut à s'engouffrer dans un tunnel sans fin, une voie de cauchemar où toutes les portes vous sont claquées au nez , où toutes les issues vous sont fermées les unes après les autres. Que faire, comment vivre, comment survivre quand le courage, la volonté, la persévérance et même la solidarité ne suffisent plus ? Sans pathos, mais avec une compassion infinie, Steinbeck s'entend à merveille à retranscrire les sentiments partagés par les Joad et leurs malheureux semblables : chagrin de la perte, douleur de l'échec, incompréhension, culpabilité, espérance suivie de l'inévitable désappointement avant que ne surgissent enfin l'indignation et la révolte face à une injustice trop démesurée pour être totalement appréhendée. Des sentiments fichtrement contagieux, il faut bien l'avouer, de ceux qui donnent envie de grincer des dents de fureur et de dresser des barricades !

Sublime plaidoyer pour tous les déracinés des temps passés, présents et à venir, roman social d'une rare crudité et critique passionnés du capitalisme sauvage, « Les raisins de la colère » est sans conteste une oeuvre inoubliable. Et effroyablement émouvante, qui plus est… Les toutes dernières pages vous serrent la gorge comme un étau. À pleurer. Vraiment.
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