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Critique de JulietteMo


J'ai des difficultés à lire, depuis plusieurs mois, d'abord par manque de temps (réaliser ce podcast a été si intense qu'entre le travail et les enfants il me restait très peu de temps pour faire autre chose) mais aussi à cause d'une sensation de saturation, l'impression de ne pas réussir à sortir de mes sujets de prédilection et de recherche, et en parallèle le sentiment de commencer à tourner un peu en rond, de ne « plus rien apprendre », ne plus être surprise, tout en ayant des difficultés à trouver de l'intérêt à d'autres lectures…

Quand j'ai reçu “La femme seule” de @lemotqui aux @editionsacademia j'étais dans cet état d'esprit : avais-je vraiment envie de lire un livre de plus sur le sujet ? J'ai mis du temps à me plonger dedans.

Je l'ai lu lentement, par petits morceaux. Et j'ai vite été conquise. D'abord par les descriptions précises, réalistes, presque chirurgicales d'un quotidien dont la la lenteur, la longueur, l'ennui sont difficiles à partager, à retranscrire. Les gestes de la maternité, leur répétition, leur omniprésence. C'est courageux de les écrire et décrire tels qu'ils sont : dans leur banalité, leur ennui. le temps s'étire quand on le passe seule avec un (ou plusieurs) bébés.

J'ai trouvé dans ce livre des similitudes à la fois précises et « globales » avec ce que j'ai vécu et comment je l'ai vécu, j'y ai trouvé une communauté de réflexions - fils tissés dans notre podcast avec @audrey, fils tirés dans le roman d'Eloïse Steyaert.

Ça me donne envie de redire l'importance et la douceur de lire ce qu'on vit, ce qu'on a vécu, de lire des récits de personnes qui nous ressemblent. Et ainsi en miroir l'importance de pouvoir se raconter, quand bien même nos récits sont méprisés, invisibilisés, considérés comme traitant de sujets mineurs, etc.

Ça me fait penser aussi au double standard de encore sur ces sujets (je ne cite pas cet écrivain qui a été adoubé pour son journal où il raconte en détail son quotidien de jeune père. La même oeuvre au féminin aurait été méprisée.) Je ne cite pas non plus ces hommes influenceurs qui utilisent des concepts et réalités dont les femmes sont les victimes pour faire gonfler leur notoriété et gagner en visibilité - sans citer la plupart du temps les femmes qui dénoncent ces réalités depuis bien plus longtemps qu'eux. Rendez a Cleopatre ce qui lui appartient bordel. Mais c'est encore une autre histoire.

La femme seule n'est pas seule. Les femmes ne sont pas seules puisqu'elles vivent les mêmes réalités, même si elles sont isolées les unes des autres.

Le livre dit aussi la puissance de l'amitié entre femmes : la force du dialogue avec celles qui nous ressemblent et celles qui diffèrent de nous, avec celles qui vivent des expériences similaires ou pas.

Le livre dit ce que nos enfants nous apprennent, comment ils nous éveillent, et permet enfin une possibilité de possibles : il raconte la réconciliation des identités et la possibilité que les hommes fassent leur part, prennent une nouvelle place, tout en réalisant et reconnaissant que les expériences maternelle et paternelle ne sont pas construites de la même manière.
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