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Critique de SophieLesBasBleus


"Le P3 a été mis à l'arrêt."
Le P3 c'est l'avant-dernier haut fourneau encore en activité à Aublange. Quand la menace de fermeture définitive se précise, trois hommes se lancent dans une lutte éperdue pour empêcher l'arrêt. Trois hommes venus d'univers opposés mais tendus vers le même combat désespéré alors que la campagne présidentielle bat son plein.
Daniel, le député ambitieux, honteux de ses origines ouvrières, Max, le sculpteur célèbre qui, au seuil de la mort, fait le constat désenchanté de "n'avoir jamais connu la fraternité" et Pierre, le syndicaliste en colère au charisme flamboyant, remontent, dans de courts chapitres, aux origines de cette résistance.
Car la fermeture des hauts-fourneaux n'est pas seulement synonyme de chômage, de précarité et de désertification. Ce qui tremble de colère et de chagrin, dans le roman d'Isabelle Stibbe, c'est aussi la négation et la destruction brutales de l'histoire et de la culture des métallurgistes. Son écriture porte le drapeau de Zola, d'Hugo, de Jaurès lorsqu'elle décrit les hauts-fourneaux en marche, l'effrayante beauté de la coulée de fonte en fusion, le savoir-faire des hommes et leur "dignité combattante" malgré la fatigue des corps. Elle fouille les ressorts cachés des histoires singulières aussi bien qu'elle embrasse d'un mouvement ample et lyrique les paysages exsangues, privés des hommes qui leur ont donné une âme, génération après génération.
"Les maîtres du printemps" rend aux métallurgistes de Lorraine la part d'honneur et de dignité qui leur a été arrachée. C'est un grand et un très beau roman !
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