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Critique de AlbertYakou


C'est le deuxième « Tract Gallimard » de Barbara Stiegler sur le Covid. Je n'ai pas lu le premier. Celui-ci, écrit en collaboration avec François Alla, revient sur la manière dont cette pandémie a été gérée en la comparant aux avancées qui avaient été accomplies en matière de santé publique depuis un demi-siècle.

Rappelant les termes de la conférence d'Otawa de 1986 qui, par la chartre qui en a découlé, affirmait le caractère central des libertés pour la santé elle-même, l'autonomie des population et leur capacité d'action, les collectifs et les associations (de patients entre autres) étant reconnus comme un levier fondamental de la la santé publique, ce texte est une mise en perspective du dramatique recul et de la régression opérée pendant la pandémie Covid.

L'exemple concret de la pandémie du SIDA, traitée à l'époque de son pic épidémique d'une manière judicieuse par les autorités sanitaires (national et international), illustre cette régression. Pour le SIDA, ce sont les groupes d'acteurs et les communautés de patients qui, de concert avec le corps médical, ont permis de faire rimer santé et liberté, et d'obtenir des résultats spectaculaires en matière de prévention. S'est opéré à cette occasion un partage du savoir et du pouvoir entre une jeune génération de médecins, les malades et les associations luttant contre l'épidémie.

Décrivant ensuite avec précision la montée en puissance de l'autoritarisme et de l'infantilisation de la population, des décisions autocratiques délétères (confinement, couvre-feu, pass sanitaire puis vaccinal) qui ont eu des conséquences dramatiques pour la santé mentale et morale de tant de personnes, et ont fini par diviser la population entre les bons sujets et les déviants, les deux auteurs dressent un tableau sombre, hélas exact, de cet enterrement de la chartre d'Ottawa et de la loi Kouchner de 2002.

En particulier, les auteurs reviennent sur la distinction absolument fondamentale faite par Richard Horton dans le Lancet entre pandémie et syndémie. Prendre en otage la population dans son ensemble alors que le virus tuait seulement certaines catégories de personnes (vite bien identifiées et minoritaires, mais qui ne seront pas prises pour autant plus en considération) restera l'erreur majeure du traitement de cette épidémie, dont les chercheurs commencent tout juste à dévoiler les errements qui ont fait tant de mal à notre démocratie.
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