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Critique de horline


Fleurs des champs est véritablement à contre-courant de l'esthétique de la littérature contemporaine : des personnages au tempérament romanesque, une trame littéraire simple scellée au vibrato des sentiments, une célébration de la vertu humaine, une communion des sentiments avec la nature … Paru en 1841, ce roman symbole de l'esprit bourgeois allemand du XIXe, possède le charme lointain de ces romans désuets.


Dans Fleurs des champs, on lit le journal intime d'Albrecht, jeune peintre autrichien résident à Vienne, qu'il rédige en faveur de son meilleur ami Titus séjournant dans les Pyrénées. On découvre alors une fable qui déploie toute l'exaltation amoureuse du narrateur adepte des ballades et vagabondages poétiques au milieu de la nature. Véritable esthète, amoureux de la beauté « vivante ou inanimée », le narrateur partage avec Titus sa passion pour la beauté d'une femme aperçue lors de l'une de ses longues marches, Angela. Les textes apparaissent alors comme autant de pétales de fleurs sauvages dégoussaillées, mentionnées en tête de chacun d'eux.
Le narrateur se perd dans ses rêves, son imagination jusqu'à la rencontre avec cette beauté antique. Bien que tendre et discret, on découvre alors un homme passionné, frappé par l'ivresse des sentiments, dont l'émotion brouille les sens et la lucidité …


La poétique d'Adalbert Stifter évacue tout le banal et le quotidien pour sublimer les aspirations les plus élevées mais aussi naïves de ses personnages. Dans un style ample et mélodieux proche de la virtuosité littéraire, il y a un sentiment de merveilleux qui s'empare du lecteur. Pas de cynisme, ni de cruauté et encore moins de vulgarité, le regard de l'auteur cultive l'élégance, la grâce morale, le bonheur – sans l'épargner de quelques accrocs - et pour quelqu'un de si prompt à s'émerveiller, ce qui ressemble à l'illusion du paradis.
Il y a par ailleurs une véritable sérénité insufflée par une harmonie entre les sentiments et la nature. Stifter revêt alors la blouse du peintre pour magnifier la nature. La campagne est partout. Elle obsède le regard du peintre qui sait capter ses couleurs, ses reflets, ses paysages mieux que quiconque, faisant l'objet d'une écriture très visuelle. Elle reflète les états d'âme des personnages et parfois même éveille les consciences lorsque les emportements et les passions ardentes aveuglent quelques uns.
Sous la plume de Stifter, la nature subjugue par sa force et son emprise sur le récit : elle nourrit l'esprit et permet à l'homme de s'épanouir.
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