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Critique de IsaPernot
Depuis Mange, Prie, Aime, j'adore lire ces récits de quête où des femmes vont jusqu'au bout de leurs limites, voire même au-delà, pour retrouver le goût de vivre. Mais je ne m'attendais pas à ce que Wild me tienne en haleine à la manière d'un roman plein de suspense, ni à ce qu'il me rappelle la leçon de confiance et de lâcher-prise que j'ai reçue lors de mon voyage en Inde en 2017.
Cheryl Strayed a autant de talent que d'humour ; il n'en faut pas moins pour rendre captivante cette expédition mal préparée qui n'aurait pas dû aboutir. Après la mort de sa mère, l'effondrement de son mariage et une addiction au sexe et à l'héroïne, tout cela avant ses 25 ans, l'autrice se lance avec beaucoup de naïveté et peu de connaissances dans une randonnée de trois mois sur près de 2000 kilomètres. Dès les premières pages, elle nous met dans l'ambiance en racontant comment elle perd l'une de ses chaussures de randonnée, qui tombe dans le vide alors qu'elle s'était déchaussée le temps d'une pause. le procédé est habile : d'emblée, elle nous prévient qu'elle est maladroite et inexpérimentée, puis elle nous ramène à l'élément déclencheur de sa quête, la mort de sa mère, en nous laissant nous demander, pendant des pages et des pages, comment elle s'en est sortie seule dans la forêt sans ses chaussures de rando. Un vrai page-turner, je vous dis.
Cheryl nous raconte comment, pour survivre au deuil brutal qui la frappe, elle se perd dans les bras de nombreux coups d'un soir, précipitant ainsi la fin de son mariage avec Paul, un garçon qu'elle aime énormément, mais qui ne peut combler le vide laissé par sa mère, (et déjà creusé en amont par l'abandon de son père quand elle était enfant). Elle noue ensuite une relation avec un toxicomane qui la plonge dans l'enfer de l'héroïne. Elle tombe enceinte, avorte et décide de reprendre sa vie en main ; ayant découvert par hasard l'existence du « Pacific Crest Trail », un sentier de grande randonnée qui traverse la Californie, l'Oregon et l'Etat de Washington, depuis la frontière mexicaine jusqu'à la frontière canadienne, elle se lance à corps perdu dans ce projet d'expédition.
D'entrée, c'est mal parti : son sac à dos est beaucoup trop lourd et ses chaussures un peu trop petites. Très vite, elle a les pieds en sang et la peau à vif à sous ses vêtements à cause du frottement des lanières du sac. Malgré tout, elle persévère, grâce à sa propre résilience, d'une part, mais aussi au fil des rencontres qui vont émailler son parcours. Il y a ces gens qui lui viennent en aide spontanément et qui lui fournissent parfois un abri et un repas. Il y aussi les autres randonneurs avec qui elle finit par former une véritable communauté. Il leur arrive de faire un petit bout de route ensemble mais, le plus souvent, ils se retrouvent aux points de ravitaillement où ils font des pauses de plusieurs jours. C'est la richesse de ces rencontres humaines, ainsi que la communion avec la nature et avec elle-même, qui vont permettre à Cheryl d'affronter enfin son deuil et de pardonner à sa mère d'être partie si tôt. (Elle est décédée d'un cancer à 45 ans.)
Au-delà de l'humour et du suspense qui m'ont agréablement surprise, j'ai été infiniment touchée par cette expérience du deuil, qui a bien sûr résonné très fort en moi. Et je me suis remémorée aussi, tout au long de ma lecture, la manière dont j'ai choisi, lors de mon voyage en Inde, de ne pas tout planifier, de me laisser porter et de faire confiance à de parfaits inconnus. Je me suis souvenue de la richesse de ces rencontres et j'ai pu mesurer, à travers le récit de Cheryl et à travers ma propre expérience, que les humains sont beaucoup plus altruistes et bienveillants qu'on ne veut bien le croire. Bien sûr, le danger existe et les mauvaises rencontres sont possibles, comme en atteste un passage de Wild. Mais l'entraide et la générosité sont deux qualités humaines très fortes, et c'est vraiment frappant dans le livre.
Vous l'aurez compris, Wild est une belle leçon de vie qui redonne foi en l'humanité, et c'est aussi un récit qui devrait plaire aux amoureux.ses des grands espaces et aux amateur.ice.s d'aventures un peu extrêmes. Bref, une réussite sur tous les plans, et un vrai coup de coeur !
Lien : https://aujourdhui-je-maime...
Cheryl Strayed a autant de talent que d'humour ; il n'en faut pas moins pour rendre captivante cette expédition mal préparée qui n'aurait pas dû aboutir. Après la mort de sa mère, l'effondrement de son mariage et une addiction au sexe et à l'héroïne, tout cela avant ses 25 ans, l'autrice se lance avec beaucoup de naïveté et peu de connaissances dans une randonnée de trois mois sur près de 2000 kilomètres. Dès les premières pages, elle nous met dans l'ambiance en racontant comment elle perd l'une de ses chaussures de randonnée, qui tombe dans le vide alors qu'elle s'était déchaussée le temps d'une pause. le procédé est habile : d'emblée, elle nous prévient qu'elle est maladroite et inexpérimentée, puis elle nous ramène à l'élément déclencheur de sa quête, la mort de sa mère, en nous laissant nous demander, pendant des pages et des pages, comment elle s'en est sortie seule dans la forêt sans ses chaussures de rando. Un vrai page-turner, je vous dis.
Cheryl nous raconte comment, pour survivre au deuil brutal qui la frappe, elle se perd dans les bras de nombreux coups d'un soir, précipitant ainsi la fin de son mariage avec Paul, un garçon qu'elle aime énormément, mais qui ne peut combler le vide laissé par sa mère, (et déjà creusé en amont par l'abandon de son père quand elle était enfant). Elle noue ensuite une relation avec un toxicomane qui la plonge dans l'enfer de l'héroïne. Elle tombe enceinte, avorte et décide de reprendre sa vie en main ; ayant découvert par hasard l'existence du « Pacific Crest Trail », un sentier de grande randonnée qui traverse la Californie, l'Oregon et l'Etat de Washington, depuis la frontière mexicaine jusqu'à la frontière canadienne, elle se lance à corps perdu dans ce projet d'expédition.
D'entrée, c'est mal parti : son sac à dos est beaucoup trop lourd et ses chaussures un peu trop petites. Très vite, elle a les pieds en sang et la peau à vif à sous ses vêtements à cause du frottement des lanières du sac. Malgré tout, elle persévère, grâce à sa propre résilience, d'une part, mais aussi au fil des rencontres qui vont émailler son parcours. Il y a ces gens qui lui viennent en aide spontanément et qui lui fournissent parfois un abri et un repas. Il y aussi les autres randonneurs avec qui elle finit par former une véritable communauté. Il leur arrive de faire un petit bout de route ensemble mais, le plus souvent, ils se retrouvent aux points de ravitaillement où ils font des pauses de plusieurs jours. C'est la richesse de ces rencontres humaines, ainsi que la communion avec la nature et avec elle-même, qui vont permettre à Cheryl d'affronter enfin son deuil et de pardonner à sa mère d'être partie si tôt. (Elle est décédée d'un cancer à 45 ans.)
Au-delà de l'humour et du suspense qui m'ont agréablement surprise, j'ai été infiniment touchée par cette expérience du deuil, qui a bien sûr résonné très fort en moi. Et je me suis remémorée aussi, tout au long de ma lecture, la manière dont j'ai choisi, lors de mon voyage en Inde, de ne pas tout planifier, de me laisser porter et de faire confiance à de parfaits inconnus. Je me suis souvenue de la richesse de ces rencontres et j'ai pu mesurer, à travers le récit de Cheryl et à travers ma propre expérience, que les humains sont beaucoup plus altruistes et bienveillants qu'on ne veut bien le croire. Bien sûr, le danger existe et les mauvaises rencontres sont possibles, comme en atteste un passage de Wild. Mais l'entraide et la générosité sont deux qualités humaines très fortes, et c'est vraiment frappant dans le livre.
Vous l'aurez compris, Wild est une belle leçon de vie qui redonne foi en l'humanité, et c'est aussi un récit qui devrait plaire aux amoureux.ses des grands espaces et aux amateur.ice.s d'aventures un peu extrêmes. Bref, une réussite sur tous les plans, et un vrai coup de coeur !
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