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Critique de kielosa



Même si le titre de l'ouvrage sonne un tantinet racoleur, il n'est indéniable que Richard Sorge, en tant qu'individu sans pouvoir officiel, a joué, comme agent secret, un rôle déterminant dans le déroulement final de la Deuxième Guerre mondiale.

Ce rôle crucial a résulté dans une véritable bibliothèque de documents, biographies, comptes-rendus et monographies, de valeur hélas fort inégale, sur les prouesses de cet espion soviétique.

Du tout premier livre que j'ai lu sur Sorge comme adolescent j'ai aussi bien oublié le titre que son auteur. En 1981, par contre j'ai beaucoup apprécié de Robert Guillain (1908-1998) "L'Espion qui sauva Moscou", ainsi que d'Alain-Yves Berger "Richard Sorge a-t-il gagné la guerre ?" de 2012.

Je mentionne en passant l'intéressant film documentaire français d'Yves Ciampi "Qui êtes-vous Monsieur Sorge ?" de 1961.

Richard Sorge est né le 4 octobre 1895 à Adjikent, près de Bakou en Azerbaïdjan, de père ingénieur des mines allemand et de mère russe.
Éduqué à Berlin, ou sa famille s'était installée, il s'est porté volontaire comme soldat de l'armée allemande durant la Première Guerre mondiale. En 1916, il fut sérieusement blessé au front et boitera toute sa vie.

Après la guerre, il a obtenu un doctorat en sciences politiques et est parti à Moscou, où il est devenu membre du Parti communiste et où il a reçu un entraînement comme agent secret.
En 1930, il est envoyé par le NKVD (prédécesseur du KGB) à Shanghai sous la couverture de journaliste pour le quotidien allemand "Frankfurter Zeitung" et 2 ans plus tard à Yokohama.
Personnage pittoresque, instruit et charmant, il a réussi en un minimum de temps au Japon à gagner l'amitié de figures importantes tant allemandes, tel l'ambassadeur Eugen Ott, que nippones, tel le conseiller du Premier ministre, Hotsumi Ozaki.

C'est en 1941 que Richard Sorge a envoyé à Moscou ses 2 télégrammes qui le rendront illustre comme meilleur espion du XXe siècle :
- l'information que Hitler allait lancer l'opération Barbarossa ou l'invasion nazie de la Russie, le 22 juin 1941, et
- l'information que l'armée japonaise allait lancer une opération militaire dans le sud-est asiatique fin 1941.

Le premier message n'a eu aucune suite par la faute de Staline qui croyait qu'il s'agissait de la propagande anglo-américaine, ce qui a permis aux nazis d'envahir un pays sans la moindre préparation de défense armée.

Le second message, en revanche, a changé le cours de la guerre et de l'histoire, puisqu'il a permis au maréchal Gueorgui Joukov de transférer son armée de 400.000 hommes de la frontière orientale de l'URSS vers l'ouest en renforcement de Moscou, sous menace imminente nazie, ce qui a résulté en la bataille de Stalingrad et le tournant de la guerre, en février 1943.

Le livre de Gérard Streiff, sorti dans l'éminente collection "Histoire & Société" des Oskar Éditions de Paris, est axée sur la période du premier message, en avril 1941, à la pendaison de Richard Sorge à Tokyo le 7 novembre 1944, peu après l'exécution d'Hotsumi Ozaki.

Comme cette collection de livres est essentiellement destinée à la jeunesse, l'ouvrage est rédigé dans un langage relativement simple qui se lit très vite et contient en annexe un mini-dossier documentaire visant à restituer l'épisode de la vie mouvementée de Richard Sorge dans son contexte historique précis.
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