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Critique de sabine59



Merci tout d'abord aux éditions Gallimard et à Babelio, pour l'envoi de ce roman, en avant-première.

Je l'avoue, de moi-même, je n'aurais pas choisi ce livre.Les thèmes évoqués en 4ème de couverture m'ont fait entrer dans l'univers de l'auteur avec appréhension et angoisse car " hôpital psychiatrique" et " suicide" sont des échos douloureux de ma propre histoire familiale.

Mais au-delà de mes réticences,il y a eu la découverte éblouie d'une romancière suédoise très particulière et de son style envoûtant.

Elle présente à la fois un trajet familial plein de souffrances, autour du père, Jim, charismatique mais auto-destructeur, à la conduite suicidaire,et l'histoire presque sous forme documentaire de l'hôpital psychiatrique de Beckomberga, près de Stockholm, depuis son ouverture en 1932 sous le signe de l'espoir et de l'enthousiasme jusqu'à sa fermeture vécue comme un échec en 1995.A ce propos, l'auteur écrit très justement: "Il est facile d'idéaliser la clinique et de la transformer en un endroit parfait qui réalisera tout ce que nous, êtres humains, ne parvenons à accomplir les uns pour les autres.Et en même temps, ce lieu est effrayant dans la mesure où il représente ce qu'il y a de plus imparfait en nous: l'échec, la faiblesse et la solitude".

La narratrice, Jackie, est la fille de Jim, qui séjournera longtemps à Beckomberga et qu'elle viendra voir souvent.Cette volonté d'une toute jeune fille de comprendre son père, de l'aider,même si elle est vouée à l'échec, est fort émouvante.Son amour fusionnel avec son fils Marion lui permettra , par la suite,de se libérer de la folie paternelle.J'ai beaucoup aimé ce personnage sensible, angoissé de reproduire le même parcours que son père, solitaire.Elle a très vite une grande maturité et se montre très lucide envers le comportement de son père: "Il a toujours vécu en marge du temps, selon des règles édictées par lui seul,comme un grand enfant turbulent et dangereux; il a toujours trop aimé la mort pour que quiconque puisse s'imaginer un Jim âgé."

Et il y a la prose , entre ombres et lumière, de Sara Stridsberg, qui magnifie tout. Parlant des " arbres vert clair", par exemple, qui remuaient au-dessus de sa tête, dans le parc de Beckomberga, elle écrit: "J'ai toujours adoré leurs frondaisons et leurs racines colossales, la lumière fragile filtrée par leurs feuilles qui se diffuse sur les êtres humains; j'ai toujours pensé que les arbres me protégeaient des dangers."

" Beckomberga, une ode à ma famille", oui , le mot"ode" est bien choisi car c'est un poème d'amour déchirant d'une fille à son père...
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