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Critique de apcalipticart


l'Empire et l'absence (1/3)

Contacté par l'auteur, je ne savais rien de ce livre, je vais voir ce que propose les editions Inculte ok ! Je regarde tous les messages et l'auteur m'avait envoyé une première explication. Séduit et tenté j'accepte son envoi.

660.p d'un roman monde extrêmement complexe, un défi, une immersion totale dans une télé-réalité géante, rédigée à la vitesse d'un escargot collé à un chewing-gum. Au vu du pavé proposé je m'en vais vous conter ce roman monde en trois parties.

En dehors de la richesse et de la complexité, dans son premier tiers Léo Strintz propose un univers constamment en mouvement. Son héros rescapé volontaire de cette télé réalité déambule dans cette ville auprise entre les travellings et son roi, showrunner en maître de cette Big Brother TV. l'Empire semble être en place, bien dirigé et bien digéré aussi par la population, enfin les acteurs.

Pourtant un personnage semble être hors de cet univers, Delilla. Prête à aller contre ce système cinématographique titanesque à l'aide de tableaux, pour le moins atypiques. Sorte de création personnelle, sur laquelle elle a totalement le contrôle.

l'Empire et l'absence propose dès le début une plongée dans un univers cohérent et très détaillé. Chaque geste semble être filmé minute par minute, découpé et retranscrit avec l'oeil de l'auteur. Chaque page est un condensé de descriptions minutieuses, qui rappellent au lecteur qu'il va falloir accepter de suspendre son incrédulité et faire preuve de patience et d'un peu de persévérance pour accepter ce début de roman monde.

L'empire et l'absence 2/3

Les protagonistes ont presque tous sombrés dans un fatalisme exceptionnel. le ton léger vient trancher avec l'ambiance générale de cette seconde partie. Sans en faire des tonnes, l'auteur nous propose à travers ses personnages, l'enfoncement.

Les protagonistes n'avancent plus, ils se détachent de leur destin et s'enfoncent dans leur monde. Pour certains c'est libérateur pour d'autres c'est une descente, non pas en Enfer mais dans l'oubli. le vertige verticale. Leur propre oubli. Cette télé-réalité brouille toutes leurs certitudes. Leur appartenance, leurs souvenirs, leurs repères temporels. le roi règne et se nourrit de leur malheur. Il broie et essore chacun de ces acteurs, toute leur substantifique moelle n'est pour lui qu'un carburant. Celui de l'imagination, celui qui permet de faire avancer le feuilleton coûte que coûte.

Le tour de force réside dans l'équilibre qu'a su mettre l'auteur entre le drame et la manière de le raconter. On n'est pas face à du fatalisme grand spectacle, ici, on prend du recul et on observe. Les descriptions toujours aussi détaillées ne versent pas dans le mélo. Tout est ciselé, chaque détail est soigneusement articulé autour d'un seul et même but, l'enfoncement. Une descente lourde et boueuse. Chaque personnage qui vit cela est peu à peu mommifié dans cette épaisseur qui empêche d'avancer.

Le récit avance mais les personnages eux, fusionnent avec le macadam. Tout est compressé, sauf le temps, lui il file à vive allure et ne laisse aucune trace. Voire défiler son destin et être bloqué dans son ensemble, l'horreur a son paroxysme.

L'empire et l'absence 3/3

Dernier tiers annonciateur de la fin imminente de la ville, du roi et de tout ce qui l'entoure, pourtant tout n'est pas aussi trivial. Dans un monde où tout se ressent et rejoint soit l'Empire soit nourrit l'absence, il est nécessaire de ne pas s'accrocher à l'idée que même si l'on voit quelque chose, ça se passe.

Idée très abstraite j'en conviens mais elle est nécessaire pour naviguer dans le dernier tiers. L'écroulement se passe tout en délicatesse, une gifle stylistique en slowmotion, comme si le temps, lis en suspension avancé tout les dixième de seconde. Tout le monde sombre, le mythe s'effondre. Au loin, quelque part il existe quelque chose qui n'appartient ni à l'Empire ni à l'Absence, le refus de tout et l'envie de tout.

Léo Strintz découpe son dernier tiers en succession de tableau, jusqu'aux dernières pages, celles d'un effondrement absolu, la pièce secrète, celle du dernier donjon, le boss après le Boss. L'ultime frame. Tout appartient à un tout et plus rien ne plus quitter, tous les personnages de cet univers sont enfermés dans un univers qui n'appartient qu'à lui-même. La boucle est bouclée.

Avec ce dernier tiers je referme le livre. L'expérience a été rude par moments, certains passages étaient très soutenus par un style impitoyable qui ne laisse rien de côtés. Un livre qui marque et qui ouvre sur d'autres horizons, qui posent des questions auxquelles on a peur de se confronter, mais c'est aussi la littérature, celle qui vient nous déranger et nous poser les bonnes questions aux mauvais moments !.
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