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Critique de jamiK


Ce roman désespérant m'a totalement enthousiasmé, ce n'est pas un paradoxe, c'est juste de la science fiction russe...
J'avais vu le film d'Andrei Tarkovski à la fin des années 80, c'est un film très étrange, l'introspection des personnages, comme souvent chez ce cinéaste prend le dessus sur le genre, l'aspect science fiction n'est pour Tarkovski qu'un prétexte, un médium, et il s'est surtout concentré sur la dernière partie du roman. À la lecture de celui-ci, je ne m'y suis pas vraiment retrouvé, mais ma vision du film commence sérieusement à dater. Ce n'est qu'assez récemment que j'ai découvert qu'il était issu d'un roman de science fiction russe. J'ai tout de suite eu envie de le découvrir, mais j'ai pris le temps avant de me lancer. Je ne suis pas surpris par l'ambiance qui n'est pas sans rappeler l'ambiance du cinéma russe underground des années 70/80, avec des personnages taiseux, une économie qui ne fonctionne que dans l'illégalité, le trafic, les magouilles, les personnages qui s'autodétruisent, par l'alcool, la bagarre, du brouillard, une lumière blafarde, beaucoup de cigarettes, des odeurs nauséabondes, des friches abandonnées, des tas d'ordures, l'abandon, la saleté, la boue... c'est tout un monde en ruine, sans espoir. Un stalker est un homme qui va dans la Zone, une zone visité puis abandonnée par des extraterrestres. Les dangers sont multiples, mais ils y ont laissé de nombreux artefacts, d'une technologie infiniment plus avancée que la nôtre. le stalker se livre donc à un marché noir illégal au péril de sa vie. Ils sont nombreux à y laisser leur peau. le livre va se diviser en quatre périodes de la vie de Redrick Shouhart. On suit son évolution, dans cette société désoeuvrée, c'est noir. l'écriture est assez froide, s'attachant aux détails, normal, car dans la zone, il ne faut négliger aucun détail. le ton dégage une certaine neutralité, pas la moindre emphase. N'allez pas y voir non plus un roman de hard science, les explications restent évasives, et le système économique et politique est à peine abordé, ce n'est pas non plus ni une dystopie ni du post-apocalyptique, ça pourrait aussi bien se passer ici, demain que dans 100 ans. le personnage passe plus de temps à boire et à fumer qu'à causer, de tout cela se dégage une atmosphère lourde, oppressante, glaçante. Évidemment, il y a une critique de la société soviétique d'alors, on est en 1972 au moment de la publication, quelques petites dizaines d'années plus tard dans le récit. Cela transparaît dans ce roman, mais c'est surtout une longue allégorie sur le thème de l'espoir ou plutôt de son absence. J'ai vraiment adoré la fin, certes frustrante dans un premier temps et pourtant totalement inéluctable et finalement vraiment marquante. Très différent du film, ce roman n'en est pas moins fort.
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