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Critique de mylena


Cela faisait bien longtemps que ce texte mythique me faisait de l'oeil et que je repoussais sa lecture, de peur d'être déçue, tant les avis des amateurs de Science-Fiction sont contrastés. Ce qui est sûr c'est que les auteurs, aussi célèbres et populaires qu'ils aient été en URSS, ne s'attendaient pas à une telle postérité. A commencer par le film de Tarkovski, extrêmement différent du roman, même si ce sont les frères Strougatski qui sont les auteurs du scénario. C'est un peu comme si le film était un autre chapitre du livre, l'aventure d'un autre Stalker, ou du même, plus tard. Ensuite, il se trouve que le film m'avait semblé trop énigmatique, déconcertant, jusqu'à ce que je me retrouve dans une église en ruine en banlieue de Moscou en 1984 (pas un peu abîmée, mais une vraie ruine, dangereuse, comme si l'église avait été bombardée peu avant, le genre de truc où chez nous il y a des panneaux d'interdiction d'entrer et du grillage), et que j'ai eu quelques instants la sensation de me retrouver dans le film. Là-dessus arrive Tchernobyl, sa Zone et puis de fil en aiguille, les Stalkers de Tchernobyl, et puis le jeu vidéo qui jongle sur tout ça… Dur de revenir aux sources !
Côté déception, en dehors du décor de la Zone, c'est bien peu futuriste, le décor censé se situer en 2020, ressemble comme deux gouttes d'eau à une banlieue quelconque des années 70 n'importe où dans un pays un peu industrialisé. Bien peu futuriste comme technologie !
Quand au texte, on dirait que les auteurs ont pris un malin plaisir à le rendre sinon hermétique (ça, c'est plutôt l'univers du film), du moins abscons. En fait la plupart des éléments énigmatiques finissent par s'éclaircir : on comprend et le sens du titre, et l'origine de la Zone (en fait il y en a cinq sur toute la Terre). Et il faut bien dire que ça c'était une idée super originale, digne des plus grands noms de la Science-Fiction. Quand aux noms bizarres des différents pièges de la Zone (« calvitie des moustiques », « gelée des sorcières »,...), on apprend que c'est l'argot des Stalkers, assez imagé, il faut bien le dire. Mais les révélations prennent du temps, et c'est un peu irritant, ça rend le texte résistant à la lecture. Quant aux artefacts rapportés et objets de trafic, l'absence de précision sur la nature de ce qu'ils apportent en matière de technologie n'est pas pour rien dans le transfert de la Zone du roman à celle de Tchernobyl dans l'imaginaire collectif, russe, tout au moins.
Pour les lecteurs qui passent outre les deux premières parties, la suite est bien plus intéressante : avec la troisième partie, centrée sur un autre personnage, nous comprenons l'évolution des environs de la Zone dans le temps, et puis enfin, dans la quatrième partie, nous sommes vraiment dans la Zone, et c'est vraiment une partie excellente et qui vaut l'effort d'avoir lu tout le reste. C'est aussi de cette partie-là que se rapproche le plus film.
Au final, ce livre vaut la peine d'être lu, et il reste à faire un livre bien documenté sur la naissance d'un mythe, à partir d'un roman de 1972, sans grand prétention, mais qui avec son univers étrange, glauque et fascinant, a ouvert en grand les portes de l'imaginaire.
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