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Critique de fanfanouche24


Découverte de ce roman et de cette auteure américaine...au fil des déambulations en librairie...
Un roman émouvant sur les rapports mère-fille et sur la pauvreté vécue par une enfant...La narratrice se retrouve hospitalisée...et quelle n'est pas sa surprise de retrouver à son chevet, sa mère qu'elle n'avait pas revue depuis des années...

Seule enfant d'une fratrie de trois, elle est la seule à être partie de la maison, et à avoir poursuivi des études... Un mérite d'autant plus grand que la famille bien que vaillante était très pauvre...Nous constaterons au fil du récit que ses frères et soeur ne lui ont pas pardonné d'avoir en quelque sorte "trahi" leur milieu...Lucy a réussi socialement et professionnellement , mais pour le prix de cette réussite, elle a fui sa famille, et savait encore moins qu'avant, comment communiquer avec elle... La trahison de l'origine sociale de la famille, d'où on provient !

Cinq nuits où sa mère va se tenir au chevet de sa fille , Lucy...où elles vont évoquer, toutes deux les souvenirs, l'enfance, ce que sont devenus tel ou tel voisin, tel(le) ou tel(le) camarade d'école...Peu importe ce qui se dit;
Lucy a besoin d'entendre le son de la voix maternelle...Pourtant ...qu'il semble difficile à la mère et à la fille de formuler en mots leur "amour"...réciproque

"J'ai cessé d'écouter. C'était le son de la voix de ma mère dont j'avais besoin : ce qu'elle disait n'avait pas d'importance. Alors j'ai écouté le son de sa voix; avant ces trois derniers jours, je ne l'avais pas entendue depuis longtemps et elle était différente. Ou peut-être était-ce mon souvenir qui était différent car, d'habitude, le son de sa voix me crispait. Tout le contraire de ce que
j'entendais là, avec ce sentiment pressant, cette urgence. " (p. 102)

" J'ai la sensation que les gens pourraient ne pas comprendre que ma mère n'a jamais pu dire les mots "je t'aime". J'ai la sensation que les gens pourraient ne pas comprendre que ça n'était pas grave" (p. 148)

C'est un roman percutant... dans la sobriété du style, et la gravité des thèmes abordés:
La pauvreté du milieu familial, vécu douloureusement par un enfant... au milieu des autres, plus chanceux, la complexité des rapports mère-fille, un amour réel et intense entre cette fille et sa mère, qui ne parvient que
très imparfaitement à se manifester ! d'où l'intensité de chaque instant de ces cinq nuits de veille maternel, auprès de la fille hospitalisée !
...le changement de milieu social par les études, la réussite intellectuelle [ dans ce cas, notre narratrice, veut devenir écrivain, ce qui se réalisera]
qui augmente l'incompréhension et la distance avec cette famille que la narratrice aime et déteste à la fois !

Il est question du "désamour" ou de l'incapacité à se dire "je t'aime"..., la pauvreté éprouvante qui provoque "honte et exclusion sociale"... et pour tenter de réparer tout cela, "les MOTS" et un des éléments de la fratrie, cette soeur, Lucy, plus brillante, qui va devenir écrivain,
et parler pour elle, pour sa propre construction, mais aussi pour atténuer sa culpabilité, et exprimer la densité des souvenirs communs de cette famille taiseuse,mal-aimante, mais réelle.

Un roman très fin, rempli de simplicité et de sensibilité... qui parle de nous tous... de notre construction, d'enfant à adulte, de nos failles, de celles de nos parents...qui nous transpercent, nous forment ou nous déforment... plus ou moins gravement...de la Résilience... du fait , comme le dit notre narratrice, que pour continuer à se construire et à vivre son existence, on se doit d'être "impitoyable"... et penser à soi, exclusivement, parfois !!

Sans omettre l'insistance de notre narratrice qui parle de l'écriture, de son métier d'écrivain [ignoré et dédaigné par sa famille !!], d'ateliers d'écriture auprès d'une auteure [qui l'intrigue], mais qui l'enrichit dans ses questionnements personnels sur son travail de "mise en
mots" de son histoire, mais aussi celle de tous les autres, rencontrés, qui n'ont pas la facilité, ni la possibilité de s'exprimer et de jongler avec la parole et la force des mots !

"- Quel est votre métier en tant qu'auteur de fiction ?
Elle exposa que son métier en tant qu'auteur de fiction était de rendre compte de la condition humaine, de nous dire qui nous sommes, ce que nous pensons et ce que nous faisons." (p. 111)
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