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Critique de darkmoon


Un très grand (et gros) roman, dans lequel j'avoue avoir eu quelques difficultés à entrer, mais dépassant les premiers chapitres l'histoire devient très prenante.

Stingo, débarquant à Brooklyn de son Sud natal, est un être en quête d'identité. Engoncé dans sa jeunesse, il se cherche, tant professionnellement que socialement et sexuellement. Et c'est durant cet été 1947 qu'il rencontre Sophie et Nathan.

Le couple Sophie/Nathan est excentrique, débridé, insoumis. Sophie est une jeune femme entièrement soumise à son ami violent. Au fil des pages, Sophie se dévoile, ment, rétablit les vérités, encore et encore, jusqu'à raconter l'indicible. Parallèlement, Nathan devient de plus en plus incontrôlable, tantôt sombre, jaloux et violent, tantôt extrêmement amoureux. Stingo va donc peu à peu découvrir les secrets les plus profonds de ce couple, mais également ceux, intimes et personnels, qui se cachent derrière l'homme et la femme de ce duo à la symbiose un peu désespérée, bancale et irrationnelle.

Sophie/Stingo est le binôme socle du roman, par le biais duquel le récit du passé de Sophie se fait, Stingo ayant le rôle de confident. Elle lui raconte son passé en Pologne.

Stingo et Nathan ont une relation ambiguë, mêlée d'amour et de haine, d'admiration et de rejet. Nathan est un être exquis, dont l'humour et l'intelligence sont hors du commun, mais parfois il adopte une attitude étrange, ce qui ne laisse pas d'inquiéter Stingo. Il s'en prend régulièrement à ses origines Sudistes, le traitant avec mépris et l'accablant pour des faits historiques dont il n'est pas responsable. Sophie n'est souvent que la spectatrice de leurs parfois très longues joutes verbales.

Et enfin Stingo/Sophie/Nathan : relation triangulaire où chacun des protagonistes court lentement à sa perte.

Il est finalement très rare que le repos et la sérénité animent les trois personnages en même temps, puisqu'ils sont tous tenaillés par le doute, le tourment, le remords et la culpabilité, et ce pour des raisons bien différentes. Leurs malaises s'interfèrent en permanence, de façon très juste, dans une atmosphère délétère et souvent malsaine.
Ce « choix », que Sophie s'est résolue à faire un jour, est le fil conducteur du roman. Mais autour de ce drame gravitent d'autres drames, qui donnent de l'ampleur à ce grand roman de la perdition et du malheur. En effet, "Le choix de Sophie" est construit sur la superposition de trois thèmes. le premier est le récit fortement autobiographique de Stingo, de ses tribulations professionnelles, amoureuses, sexuelles. le deuxième est la relation amoureuse passionnelle, merveilleuse, violente et destructrice de Nathan et Sophie dont Stingo est l'observateur. C'est une nouvelle approche bien conduite du thème tant de fois exploré de "l'amour à la mort". le troisième thème est bien sur le passé concentrationnaire de Sophie, de sa lutte pour survivre et toute son horreur, avec le choix entre la vie et la mort d'un de ses deux enfants et le remord destructeur qu'implique un tel acte.

Styron nous livre une synthèse brillante. L'enchainement des trois thèmes fait que ce roman est exceptionnel. Oser mélanger des frustrations sexuelles de jeunesse et Auschwitz ! Et le réussir... le culot de Styron n'a d'égal que son talent pour construire ce roman essentiel et l'écrire d'une plume fluide et agréable. Un livre inoubliable!
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