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Critique de LiliGalipette


Stingo, auteur en mal d'écriture, a vingt-deux ans quand il rencontre Sophie, Polonaise catholique rescapée des camps nazis qui parle peu de son passé. Mais pour Stingo, elle va lever le voile qui recouvre l'horreur. « Il y a beaucoup d'antisémitisme en Pologne, ce qui fait que moi, j'ai affreusement honte et de multiples façons, comme toi, Stingo, quand tu éprouves cette misère en pensant aux gens de couleur du Sud. » (p. 151) Sophie essaie de réapprendre à vivre à New York, mais le passé refuse de larguer les amarres. Alourdie de remords et de cauchemars, la belle jeune femme ne peut oublier ce qu'elle a fait pour survivre. « Quel joli petit chef-d'oeuvre de ruse as-tu bien pu inventer pour parvenir, toi, à sauver ta peau pendant que les autres s'évanouissaient en fumée ? As-tu triché, fermé les yeux, offert ton joli petit cul ? » (p. 382) Victime comme tant de déportés de la culpabilité du survivant, Sophie porte en elle une double honte, celle de n'être pas morte et celle d'avoir dû choisir qui devait vivre. « Laisser quelqu'un mourir sans un au revoir, sans un adieu, sans un seul mot de réconfort ou de sympathie, c'est ce qui est horrible à supporter. » (p. 163) À mesure qu'elle confie son histoire à Stingo, les révélations se font plus terribles et avoir survécu se révèle être un traumatisme pire que toutes les avanies endurées au camp.

Le choix de Sophie parle de racisme, de haine, d'intolérance et de ce que tout cela fait faire aux hommes. Mais il y a parfois un océan entre ce qu'une part d'humanité peut faire et ce qu'une autre part d'humanité peut comprendre. « Ici, en Amérique, les gens, en dépit de toutes les révélations, des photographies, des actualités, paraissaient encore ne pas savoir, sinon de la façon la plus vague, la plus superficielle, Buchenwald, Dachau, Auschwitz – rien d'autre que des d'absurdes slogans. » (p. 263) Portée par un style ample, cette histoire est bouleversante et entraîne le lecteur aux confins du désespoir, de là où on ne revient pas.
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