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Critique de gavarneur


Huis clos aux chèvres

Les chèvres sont sur le dessin de couverture, la quatrième de couverture. Elles sont dans la forêt, la forêt est dans l'île, les chèvres sont condamnées à l'île, et les habitants qui vivent d'elles leur ont donné un nom autochtone. Tout tourne en rond, mais pas si rond dans ce microcosme (l'enfer, c'est les autres).
La perturbation arrive de l'extérieur, trois travailleurs -pour quoi au juste les a-t-on fait venir ? Parmi eux, Ryôsuke, passablement perturbé. Des rencontres avec des personnes bienveillantes vont lui révéler son rêve, sa possible raison de vivre. Il devra choisir s'il l'accepte. Ses rapports avec les chèvres vont l'amener à réfléchir sur le prix de la vie, animale et humaine. Va-t-il s'en sortir ?

En lisant sur Babelio la biographie de l'auteur : « Artiste éclectique, Durian Sukegawa est poète, écrivain et clown, diplômé de philosophie et de l'École de pâtisserie du Japon. D'abord scénariste, il fonde en 1990 la Société des poètes qui hurlent, dont les performances alliant lecture de poèmes et musique punk défraient la chronique. » je me disais que sa production risquait d'être intéressante autant que bizarre. Mais non, sa prose coule bien, n'est pas non plus du genre outrageusement poétique qui s'écoute ronronner. La narration est vivante, prenante, le livre se lit facilement et avec un intérêt constant.

Tout n'est pas rose, des conflits éclatent, mais tout cela m'a semblé juste, bien amené : si c'est un roman de construction – ou de reconstruction, Ryôsuke n'est pas tout jeune – il est articulé autour de plusieurs pôles, pas manichéen. La nature est un pôle, avec les chèvres et la forêt primitive, qui font l'objet de belles descriptions, pas non plus trop longues. Les personnes bienveillantes dont j'ai parlé sont un second pôle stabilisateur. Pour le troisième, j'hésite : est-ce l'île ou ses habitants ? Leur organisation sociale est bizarre pour un européen et un continental, sans doute née des conflits intrinsèques à l'insularité.

Une scène autour de la page 200 est assez typique : commencée par une conversation amicale, elle culmine avec une scène d'une beauté presque magique au milieu des noctiluques, et s'achève par une réflexion sur la maternité et la mort.

En somme, c'est une lecture agréable, avec son lot de surprises, qui donne à penser sans épuiser. Je remercie Babelio et Albin Michel pour cette lecture privilégiée et appréciée. J'ajoute que vous en apprendrez sans doute beaucoup sur la fabrication du fromage si vous me suivez.



Note 1 : une fois de plus, la 4e de couverture est fausse : « l'île où celui-ci a passé ses dernières années ». Il y a aussi une erreur à la ligne suivante, d'ailleurs. Ne faites jamais confiance aux 4e de couverture, mais dans l'esprit celle-ci ne trahit pas le livre et c'est ce qui compte.
Note 2 : difficile de juger la traduction de Myriam Dartois-Ako quand on ne connaît pas le japonais. Il me semble que le compliment sur la fluidité de la narration se partage entre l'auteur et sa traductrice. Quelques expressions m'ont un peu surpris, et le fait de donner des noms de poissons comme « coureur arc-en-ciel » est sans doute moins naturel en français qu'en japonais.
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