Citations sur La Grande Guerre oubliée (19)
Dans les faits, les mencheviks parviennent mieux à s'opposer aux bolcheviks : ils ne se cantonnent pas à la dénonciation du coup d'Etat, mais diffisent un véritable programme alternatif. Ils proposent ainsi de redistribuer toute la terre au peuple en pleine propriété , au profit des petits propriétaires existants ; de généraliser l'intervention l'intervention de l'Etat dans la sphère économique et la régulation étatique de la production, du transport et de la distribution, d'instaurer un monopole sur les produits de première nécessité; de passer à la journée de huit heures de travail et d'adopter des mesures légales progressistes en faveur des travailleurs; enfin, de faire porter le poids des dépenses révolutionnaires sur les classes possédantes au moyen d'un impôt touchant uniquement la bourgeoisie.
Comme il est pénible de travailler quand tu n’en saisis pas le but, mais il y a encore plus pénible, quand tous les exercices s’accompagnent des insultes choisies du chef d’escadron, de l’autocrate au pouvoir illimité à la tête de l’escadron. Il a toujours raison, où que tu ailles chercher la vérité, et personne n’ose se plaindre de lui. Tous se taisent avec une méchanceté tue et un regard stupide sur le visage.
La guerre a plutôt endurci les hommes, et n’a approfondi la foi que chez quelques-uns ; elle ne résout pas la perte d’autorité de l’Église en tant qu’institution. La religion fait plutôt partie des contraintes de la vie militaire, avec les services religieux, les sermons, les bénédictions, et n’offre pas un fondement solide à l’engagement des combattants pour la défense de la patrie.
Les Bolcheviks n'auraient pu réussir leur coup d'Etat sans la haine vouée à par l'Etat-major à Kerenski et au pouvoir civil, ni sans la prudente abstention de certaines garnisons clés de la capitale.
Tandis que les villes et les soldats soutiennent le nouveau régime, les villages votent massivement pour les SR. Ils gagnent la majorité absolue au niveau de la province(56 %) en totalisant deux fois plus de bulletins que leurs adversaires bolcheviques(24 %).
Malgré l'arrestation du leader KD Chingarev, l'Assemblée se réunit le 5/18 Janvier 1918. La majorité des 410 députés élit logiquement à sa présidence le socialiste-révolutionnaire Viktor Tchernov et vote l'annulation immédiate des décrets d'Octobre. Les bolcheviks répriment durement les marches alors en soutien de la Constitutuante de Petrograd et Moscou, causant respectivement dans ces deux villes la mort de dix-huit et cinquante personnes-ces chiffres sont en réalité impossibles à établir.
En outre , les adhésions au PSR, souvent collectives, expriment un soutien circonstanciel plutôt qu'une conviction politique.
L'entrée en masse de paysans au parti surprend aussi la direction du PSR qui peine alors à construire dans l'urgence un réseau rural efficace. En outre, la démocratisation multiplie les tendances contradictoires et empêche le contrôle des initiatives locales prises au nom du parti-mais en réalité hors de son contrôle. La confusion entre listes officielles et non officielles, alimentée :ocalement par des scissions, provoque finalement le désenchantement des locaux, qui finissent par rejeter les identités partisanes et tournent le dois au système démocratique.
Le Parti socialiste-révolutionnaire(PSR) passerait difficilement pour un parti paysan tant il n'apparaît pas intéressé en priorité par cette catégorie sociale. Mais son programme de socialisation de la terre, connu dans ses grandes lignes par les paysans, suffit à lui assurer une solide réputation.En outre, se mutiplient les "SR de mars", membres des "hautes classes de la société, surfant sur la vague de la Révolution, qui trouvent létiquette SR pratique , à la mode, assez vaguement définie pour convenir à leurs objectifs".
Les libéraux KD, principaux opposants légaux au tsar et fondateurs du Gouvernement Provisoire , ne voient pas portée à leur crédit l'égalité instaurée entre citoyens.
L'inadéquation entre l'état de crise morale et sociale du pays et la politique conservatrice des KD scelle l'échec politique du libéralisme politque en Russie.
Surtout, ils n'ont su convaincre ni la masse paysanne, acquise aux SR, ni l'électorat des classes populaires urbaines(ouvriers et employés) que se partagent les sociaux-démocrates.