En dépit de la jurisprudence qui a reconnu dans le pilotage par algorithmes tous les traits de la subordination salariale, les travailleurs "ubérisés" sont fortement maintenus dans un "en deçà de l'emploi", par des dirigeants politiques soumis à l'intense lobbying des plateformes.
Voir le cas de l'ancienne vice-présidente de la commission européenne, Mme Nellie Kroes, qui, après avoir violemment critiqué dans l'exercice de ses fonctions la condamnation par un tribunal belge des services Uber pop, a rejoint le "comité de conseil en politique publique" de Uber, où siègent également l'ancien secrétaire américain aux transports Ray LaHood, l'ex-président de l'autorité de la concurrence australienne, un ex-Premier ministre péruvien et une princesse saoudienne.
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La révolution numérique est porteuse de risques comme d’opportunités.
Aucun déterminisme n'a présidé à cette grande invention juridique du XXe siècle que fut l’État social. Il fut la réponse démocratique à la paupérisation de masse, aux massacres déments et aux expériences totalitaires engendrées par la seconde révolution industrielle.
Ce n'est ni en défaisant l'État social ni en s'efforçant de le restaurer comme un monument historique que l'on trouvera une issue à la crise écologique.
En sorte qu'à l'échelle des entreprises comme à celle des nations, l'exploitation du travail ne repose plus aujourd'hui sur la promesse d'un enricissement, mais sur la menace du déclassement, de la pauvreté et de la misère. Dans les entreprises, cette menace prend la forme de ce que la Cour de cassation nomme "le management par la peur".