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Critique de Caro29


Bizarre ces livres dans lesquels on a du mal à plonger, mais que l'on persiste à lire. C'est ce qui m'est arrivé avec « La Havane année zéro ». Dès le début, je savais que la lecture de ce roman me plairait, mais j'ai eu un mal fou à accrocher au début. C'est venu petit à petit et en tournant la dernière page de ce roman, j'ai compris que j'ai bien fait de persister.

« La Havane année zéro », c'est une histoire un peu tirée par les cheveux, qui use et abuse de mathématiques, de logique et qui est construite un peu comme une intrigue policière. Si ce n'était que ça, je n'aurais absolument pas aimé ce roman où la narratrice tente de démêler le vrai du faux des histoires des trois hommes avec qui elle a (eu) une liaison. Ce qui m'a plu, c'est le Cuba des années 1990 décrit par Karla Suarez, avec un point d'orgue : l'année 1993, où se situe l'histoire, cette fameuse « année zéro » à Cuba. La « période spéciale » a suivi la chute du mur de Berlin et la dissolution de l'URSS et a mis la faim au ventre du peuple cubain qui, très rapidement, s'est vu notamment privé de viande (qu'il ne voyait plus que dans les livres d'histoire, dixit l'auteur). du riz, des pois cassés et du soja au menu, voilà ce à quoi les Cubains étaient réduits au cours de cette période décidément très spéciale où les bicyclettes ont remplacé les voitures et où la renommé des commerçants qui possédaient des dollars (illégaux) a supplanté celle des ingénieurs. Voilà donc notre narratrice, Julia, bien avancée elle qui, mathématicienne, se dit « foutue ». Mais voilà donc aussi que l'histoire d'un certain Meucci, un grand inventeur italien qui aurait inventé le téléphone à Cuba plusieurs années avant l'Américain Graham Bell, sort dans le journal « Granma ». Et c'est là que commence notre histoire : les cinq personnages principaux de « La Havane année zéro » se disputent le manuscrit du scientifique où figure le croquis de ce qui allait devenir le téléphone, chacun dans un but différent, souvent pour gagner l'argent qui contribuerait à rendre leur quotidien un peu moins miséreux. Tout un programme ! Et le suspense est au rendez-vous jusqu'à la fin de l'ouvrage !

Pour ce dernier roman, Karla Suarez a reçu le prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde en 2012, le jury ayant décidé d'honorer cette année un ouvrage qui « se situe dans la lignée de ces créations tendues vers un désir puissant : celui de redonner une juste place à des pays que l'on oublie souvent dans le concert disharmonieux du monde ». Un prix parfaitement mérité par l'écrivaine cubaine qui vit exilée au Portugal !
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