Le boulanger François lui expliqua que, devant l’incertitude politique et accusés de vouloir déclencher la guerre civile, certains aristocrates avaient fui à l’étranger.
Cette émigration provoquait un chômage massif dans le commerce et les industries de luxe parisiennes. Plus de deux cent mille passeports avaient été demandés depuis juillet et beaucoup de domestiques étaient allés grossir les ateliers de charité de l’école militaire et de Montmartre. Les tailleurs, les perruquiers, les cordonniers avaient manifesté le 18 aout, et les garçons boulangers presque chaque jour.
Petite-fille de Jacques Bonneau des Gardes, directeur de la chambre de commerce de La Rochelle, et femme de négociant, Catherine-Charlotte s’inquiétait des pertes énormes subies par la France suite à la libre entrée des marchandises britanniques. Une de ses amies lui avait rapporté qu’à Paris tout était anglais et que, par leur exemple, les grands de la cour nuisaient beaucoup aux intérêts de la nation. On déplorait ainsi que tout fût anglais chez le duc d’Orléans : ses vêtements, ses jardins, ses chevaux, ses chiens, sa cuisinière, et son conseiller financier.