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Critique de florigny


Sa mort approchant à grands pas, un homme riche lance dans ses archives une vaste opération de death cleaning, concept de l'art de vivre scandinave qui consiste à désencombrer, faire le ménage dans une vie afin de décharger famille et proches lors du décès. Rien de morbide. Pour Peter Stotz, il s'agit plutôt de transmettre, à titre posthume, l'image d'un homme d'ordre et de préserver le récit patiemment construit au fil des décennies de son existence. Pour accomplir cette tâche, il engage Tom, un jeune juriste en recherche d'emploi, à qui il précise d'emblée que la nuance est mince entre poésie et vérité, et qu'il n'est pas contre – non pas une falsification – mais une pondération de son Histoire. Ne pas dire toute la vérité, ce n'est pas mentir, n'est-ce pas ?


A mon grand regret, je n'ai pas retrouvé le Martin Suter de mon adolescence dont j'ai dévoré de nombreux romans, notamment sa « trilogie neurologique » comme il a lui-même surnommés ses 3 premiers opus. Si le style propre et élégant est toujours présent, je n'ai pas réussi à m'approprier ses personnages que j'ai regardé évoluer à distance, comme à travers une vitre. J'ai eu l'impression d'être dans un zoo, devant une cage contenant les derniers specimens d'une espèce en voie de disparition.



Les personnages sont antipathiques. Peter (Ph.D), qui a été un homme de pouvoir dont il a exploité tous les avantages personnels, est infatué, imbu de sa personne. Dans ses archives prétentieuses, Tom trie, entre autres documents entassés par des secrétaires inféodées, des coupures de journaux relatant ses faits d'armes, des additions de restaurant, des serviettes en papier ou sous-bocks de bière griffonnés, billets de cinéma ou de théâtre, pochettes d'allumettes, résidus de la vie d'un homme persuadé de l'importance du moindre de ses gestes ou mots. A partir de ces scories, Tom devra élaborer une histoire qui rende son patron intéressant, car ne cherchons-nous pas tous une histoire nous montrant sous notre meilleur angle ?


Peter ressasse l'amour perdu de sa vie, saôule son auditoire en se saoûlant lui-même avec des alcools de grandes origines. Apprendre que le cognac et l'armagnac se boivent assis et le sherry debout ne m'a rien apporté. Bien sûr, de manière stéréotypée, son personnel de maison lui est inconditionnellement dévoué mais citer le menu italien élaboré pour chaque repas par sa cuisinière a fini par me lasser. Dans le même esprit, je n'ai pas été capable de décider si je préfère une Jaguar à une Mercedes.


Il y a enfin Melody, personnage central dont on parle sans cesse sans la voir, c'est l'arlésienne du roman, experte en broderies, dont tous les traits de caractère m'ont paru artificiels. La promesse de l'intrigue est de savoir ce qu'elle est devenue après s'être brusquement évaporée quelques jours avant son mariage. L'épilogue lève le voile.


Désolée pour ce retour de lecture fortement mitigé, je suis la première pénalisée et déçue d'avoir loupé des retrouvailles attendues avec un auteur pourtant très apprécié. Martin Suter dédie Melody à sa fille et à Margrith, son épouse récemment décédée.
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