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Critique de Patsales


À la fin de son roman, Sveistrup remercie ceux qui l'ont incité, lui le scénariste, à écrire un roman. Il fallait te garder de tes amis, Søren… car, certes, tu as su faire un page-turner bien huilé, qui a, je l'avoue, raccourci mes nuits. Oui, bon, et alors?
Déjà, tu t'es tellement auto-plagié que tu pourrais te faire un procès à toi-même. le policier qui interrompt le décollage de l'avion: The Killing, saison I. le dragueur serial killer : The Killing, saison II. Les parents effondrés ignorant si leur petite fille kidnappée est encore vivante: The Killing, saison III. L'enquêtrice qui veut changer de boulot et qui est rattrapée par un crime atroce (I). L'assassin qui parvient à s'enfuir à la faveur d'un train qui coupe l'élan de son poursuivant(II). La simple vue d'une photo qui permet de comprendre que la personne représentée est en danger(I). Etc. On trouve aussi des variations sur le même thème : la supérieure mal embouchée est devenu un supérieur, l'homme politique une femme politique et l'enquêtrice borderline un enquêteur.
Alors , bien sûr, c'est un polar, il existe des passages obligés et un auteur qui a sa propre grammaire manque moins d'idées qu'il n'exprime sa vision du monde, comme on dit dans les manuels de littérature pour débutants.
Sauf que la patte Sveistrup c'était (c'est?) l'hubris et le fatum, noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir. Les Dieux passent leur temps à piétiner la tronche de Sarah Lund qui reçoit leurs coups avec la ferveur d'une pécheresse certaine que ses fautes ne pourront jamais être expiées. Sarah Lund qui bousille sa vie avec application mais sans explication, ce qui en fait un personnage tragique de la plus belle eau.
Il est intéressant de voir que dans son histoire de marrons Sveistrup a fait de son héroïne préférée une trinité sans transcendance : l'enquêtrice Thulin pour le côté badass, je cours et j'agresse d'abord, je réfléchis ensuite; l'enquêteur Hess pour l'aspect borderline, doué et torturé; la ministre Hartung pour la culpabilité, je me dévoue corps et âme parce que j'ai péché.
Or, la badass n'a aucun intérêt, l'asocial a un motif bien lacrymal d'être ce qu'il est et ne demande qu'à retrouver l'amouuuuur, la pécheresse trouve une punition qui l'absout et peut repartir de l'avant mieux encore que si elle avait lu un livre de développement personnel. La vie, finalement, est bien faite.
Bref, j'ai adoré Sveistrup pour avoir reconnu dans Forbrydelsen le Dieu caché de Racine et avec Octobre je me suis retrouvée à lire du Jean Galbert de Campistron: ça fait le job mais on ne s'en souviendra pas au siècle prochain.
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