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Critique de Marie987654321


Alfonso Nitti est un jeune homme pauvre, tendrement attaché à sa mère, venu tenter à chance à Trieste. Il trouve un modeste emploi d'employé de banque, copiant des correspondances commerciales toute la journée dans un univers terne et compassé. Alfonso a des rêves de gloire littéraire, comme Italo Svevo qui s'inspire manifestement largement de sa propre expérience professionnelle. Une vie modeste qu'il consacre à la lecture, à l'étude et à des rêveries, logé par une famille qui aimerait bien qu'il s'intéresse à leur fille.

Pourtant, un jour, son patron lui ouvre la porte de sa demeure où il fait la connaissance d'Anneta la fille de la maison. Il noue avec elle une relation d'abord fondée sur la littérature mais qui devient amoureuse. Ou bien il s'imagine qu'il vit une histoire d'amour... Car Alfonso est peu doué pour la vie, peu préparé à ce monde, à l'engagement que la vie implique.

Le sujet de livre est l'incapacité à vivre, la peur devant tout ce qui est susceptible d'arriver, l'impossibilité de saisir à pleines mains ce qui se passe pour le faire sien et s'y retrouver.
Le destin du jeune homme pauvre, qui aurait pu être fait de succès et d'amour, s'enfonce vers l'échec. Chacun de ses choix ou de ses non choix l'y entraine. Il pense aimer et se regarde aimer à distance, n'y croyant pas toujours lui-même mais souffrant des moments de froideur ou d'éloignement qui peuvent marquer le développement de la relation. Il se pense amoureux, prêt à jouir des perspectives de cette union socialement avantageuse puis se pense noble en renonçant à son amour par grandeur d'âme et stoïcisme. Enfin, il est envahi par la jalousie et le sentiment d'échec qu'il a provoqué.

Et Anneta épousera Macario, le collègue solaire et vivant d'Alfonso, tandis que dans la vie d'Alfonso le gris se fait. Son dernier geste sera d'aider financièrement la famille qui le loge, incapable de demander son pardon à une Annetta qui maintenant le hait.

Il y a chez Svevo à la fois une peinture des moeurs de cette bourgeoisie triestine très XIX e siècle et une plongée dans l'univers mental d'Alfonso qui annonce la littérature du XXeme. le lecteur suit la sinuosité de ses pensées, ses hésitations, ses rêveries, ses atermoiements dans un récit introspectif méticuleux.

J'ai été très touchée par cette lecture, émue et agacée par cet Alfonso névrosé.
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