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Critique de Colchik


Le dimanche des mères 1924, le printemps prend des allures d'été en ce jour radieux de mars et Jane Fairchild, la jeune bonne des Niven, rejoint son amant Paul Sheringham dans la maison familiale désertée, ses parents étant partis déjeuner avec la future belle-famille de leur rejeton. En ce jour dédié aux mères, domestiques et maîtres sont en congé mutuel et Jane l'orpheline va savourer sa dernière rencontre avec le beau et désinvolte Paul.
Graham Swift évoque la douceur de l'air qui entre par la fenêtre ouverte, les peaux caressées par le soleil, la tiédeur voluptueuse des corps après l'étreinte et, dans la chambre, le regard observateur de Jane épie son amant, son égoïsme de classe, son élégance teintée de dandysme, son assurance tranquille alors qu'il est déjà en retard pour rejoindre Emma Hobday. Cette Emma dont la fortune lui procurera l'aisance financière dont il a besoin pour satisfaire son dilettantisme. Jane ne se fait aucune illusion sur son séducteur et, pour cette dernière rencontre, elle se refuse à montrer son émotion ou sa tristesse, au petit jeu des sentiments habilement déguisés.
La voiture de Paul Sheringham disparaît dans l'allée d'Upleigh et voici Jane retournée à sa solitude habituelle. Que va-t-elle faire de son après-midi ? Peut-être rentrer chez les Niven et s'asseoir dans le jardin pour lire l'un de ces ouvrages qu'elle est autorisée à emprunter à la bibliothèque de ses employeurs ? Rien de tout cela, hélas.
Le destin de Jane s'est noué : vivre, nourrir son intelligence éveillée par sa soif de lectrice, quitter sa condition, travailler dans une librairie et peu à peu frayer avec des intellectuels à Cambridge... Et écrire. Jeunesse de Conrad lui a ouvert un monde exigeant, captivant et d'une infinie richesse.
L'écriture de Graham Swift possède toute la délicatesse, mais aussi l'ironie et l'humour acéré, pour nous compter l'éveil douloureux d'une âme forte.
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