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29 janvier 2013
Les relocalisations ici sont des délocalisations ailleurs

Au sujet de quelques articles qui m'ont intéressé, et en particulier sur celui de Jean-Claude Vessilier : « L'automobile de crise en crise ».

L'auteur aborde nombre de problématiques qui sont souvent séparées, ou opposées. La restructuration mondialisée de cette industrie sert de « laboratoire à une nouvelle phase de la contre-réforme qui frappe toutes les industries européennes ». Les « délocalisations » suivent en premier lieu la modification des débouchés « Cette production a principalement des débouchés en Chine : c'est pourquoi celle-ci n'est pas »l'atelier du monde » de l'industrie automobile ». En regard des luttes de salarié-e-s sur les salaires et le droit d'organisation autonome, l'auteur souligne « La mondialisation de l'industrie automobile est aussi une mondialisation objective des conditions de travail, n'en déplaise aux enfermements nationaux des mouvements ouvriers européens ». L'auteur nous rappelle les conditions de la restructuration des firmes automobiles américaines sur le territoire des USA. Il souligne que la restauration des profits ne s'est pas faite par la relance de la production, « mais par le redimensionnement à la baisse des capacités de production, et un immense saccage social ». En Europe, aussi, cette industrie est en crise « classique » de surproduction, se résolvant, en absence d'alternatives crédibles, par la destruction des moyens de production. « L'heure est maintenant eu Europe occidentales aux fermetures d'usines et aux attaques frontales contre les secteurs du mouvement ouvrier refusant encore l'adaptation en cours ». Fermetures d'usines, intensification du travail, extension du travail posté, utilisation de plus en plus continue des équipements pour garantir la rentabilité capitaliste. Contre ces situations et contre l'utopie productiviste, Jean-Claude Vessilier indique « C'est pourquoi la réduction du temps de travail et le partage du travail disponible entre tous devraient constituer la réponse du mouvement ouvrier à cette affirmation patronale de surcapacités de production ».

Puis l'auteur analyse les discours sur la compétitivité, les réponses différentes de Renault (internationalisation euro-méditerranéenne) et de PSA (fuite des rentiers propriétaires) à la crise automobile. Il souligne que la stratégie de Renault « crée une situation non réversible, à moins d'activer les sirènes du chauvinisme pour revendiquer les relocalisations ». le titre de cette note est tirée de cette argumentation.

Jean-Claude Vessilier termine son article sur les résistances aux restructurations dans l'automobile. Il constate que pour l'instant, face à la fermeture de l'usine d'Aulnay « les voies d'une action coordonnée à toutes les usines n'ont pas été ouvertes ». Plus généralement la complexité des formes d'organisation et de réorganisations des entreprises mondialisées implique « la désignation d'objectifs unifiants et jugés légitimes ».

Il ne faudrait cependant pas oublier que « le toujours plus de production de voitures individuelles est une impasse », et l'auteur constate les écarts entre les mobilisations des mouvements sociaux porteurs d'une critique de l'automobile individuelle du point de vue social et environnemental et les mobilisations des salarié-e-s du secteur pour la défense de leurs emplois. Si les alternatives à « cette société dévorée par le profit et l'individualisme » sont peu partagées, des aménagements pratiques (interdiction des automobiles en centre ville, mise en cause du diesel) se développent, sans pourtant déboucher sur « la primauté », et j'ajouterai la gratuité, « aux transports collectifs ». La question est « bien de créer les conditions du dépérissement de l'usage contraint de la voiture individuelle ».

En attendant, l'auteur insiste : « Reconversion et transition écologique ne saurait être des alibis de nouvelles restructurations décidées par un patronat toujours seul à décider des conditions de travail des salariés et des meilleures productions lui garantissant le meilleur retour sur investissement. Les nécessaires reconversions sont inséparables des formes d'appropriation collective et de contrôle à inventer, ainsi que des empiétements à opérer sur la propriété du capital » et termine son article en revenant sur un point déjà souligné « Choisir la réduction du temps de travail, c'est assumer la rupture avec les logiques productivistes et les contraintes de la concurrence mondialisé entre les firmes ». J'ajoute que c'est aussi un moyen de combattre la division sexuelle et sexuée des taches.

J'ai aussi apprécié les argumentations du Collectifs de militants de SANOFI et de l'Omos sur « Sanofi et l'industrie de la santé, entre finance et bien commun » et en particulier le traitement de la double question « le médicament, une marchandise comme une autre ? » et « le patient, un client parmi d'autres ? », ou des brevets, des maladies « rentables ». Les axes de luttes avancés : « déprivatiser les connaissances », « affirmer le refus de breveter tout ce qui touche à la vie », dégager les connaissances « d'un type de rationalité scientifique très déterministe », « démarchandiser le médicament », « avancer vers une Sécurité sociale pour tous en France et mondialisée » et les rappels « La biologie est une science plus complexe qu'il semblait » et « Ces processus d'appropriation posent la question de la propriété, de la forme d'organisation sociale nécessaire à son efficacité ».

Je signale aussi, parmi les autres articles : l'entretien avec Alberto Acosta « Équateur : »la révolution citoyenne »… », l'article de Michaël Lowy « Révoltes paysannes, millénarisme et anarchisme dans l'oeuvre d'Éric Hobsbawm », la réédition de l'entretien entre Daniel Bensaïd et Antoine Artous à propos du livre de Daniel Bensaïd « Moi, la Révolution » et l'article d'Ody Saban « Centenaire du »Palais Idéal » du Facteur Cheval à la Galerie Miyawaki de Kyoto ».
Lien : http://entreleslignesentrele..
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