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Critique de Antoine_Libraire


Les voies de l'Art sont impénétrables. Et les trois monologues de ce livre crissant et cru sont loin de constituer la carte qui permettrait à un apprenti artiste de s'y retrouver.

Nous serions plutôt dans trois cercles constituant un enfer délaissé par Dante, le Berlin off de l'art, fait de petits boulots et d'échecs.

L'enfer ? C'est sans compter sur l'humour de Julien Syrac et la mauvaise foi de son narrateur, jeune français parti à l'assaut de la capital européenne de l'art pour se retrouver dans les coulisses, les sous-sols, les « à côté »…

Trois histoires d'apprentissages, de tentatives pour forcer la porte de service, puisque celle des artistes semble être verrouillée. Une vie en stand-by qui pourrait être pathétique et triste, et qui est drôle et grinçante.

Mêlant malice et acidité, Julien Syrac écorche le monde artistique où chacun voudrait présider au banquet et se retrouve souvent à passer les plats.

Accompagnateur de poètes, modèle nu pour des courts de dessin amateurs, « apprenti » d'un ferrailleur-sculpteur perdu dans la campagne. Autant de situation pour percé sans avoir encore même franchi la première marche.

l'auteur doit également avoir des comptes à régler avec l'Allemagne. La poétesse attendu à l'aéroport dans le premier chapitre est juive, symptôme d'une culpabilité toute allemande et d'une certaine curiosité faisandée et douteuse, le prof du second chapitre vivait en RDA avant la réunification et à tout perdu à la chute du mur, et le sculpteur vit entouré de terres anciennement agricoles, dédaignées au profit de la Pologne voisine et surtout moins chère. L'Allemagne n'est pas présentée sous son meilleur jour…

Un style aérien et fantasque, des envolés pétries d'égocentrisme et des formules à l'emporte-pièce assénées par ce jeune looser magnifique, font de ce court roman un condensé de drôlerie et de mauvaise foi.

Mais le plus « pathétique » de l'histoire, celui qui se raconte des fables sur ces échecs est il ce jeune homme, finalement persévérant ? Les « mentors », qui paradent sans n'avoir jamais rien accompli si ce n'est un festival de poésie arrivé trop tard, sans public, avec l'ambition de détrôner ces prédécesseurs reconnus, ce prof qui s'extasie devant les pauses, tout en improvisation, du jeune français, ce sculpteur sur métal alcoolique et déconnecté, qui se permet de donner des leçons de vie tout en n'ayant guère de gages à donner sur la réussite de la sienne ? Artistes ? Ou ayant simplement réussi à trouver plus désespéré ? Et au dessus d'eux ? Quel autre parangon ? jusqu'où remonter ? Certains ministres de la culture doivent faire partie du lot des parvenus, n'en doutons pas…

Gageons que Julien Syrac n'est pas dupe. Il s'amuse de ce monde de l'art, et nous avec lui.
Lien : https://bonnesfeuillesetmauv..
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