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Critique de JIEMDE


Il faut parfois savoir changer d'air pour mieux repartir. Journaliste à Berlin ayant enquêté et démonté le scandale de « La Fondation », Marcelo Silva revient à Lisbonne, terre de ses racines. Abattu par les coups reçus, il n'a en rien perdu ses idéaux et a accepté d'y prendre la tête d'un nouveau service officiel réunissant l'autorité des marchés financiers et la répression des fraudes portugaises.

Car au début du XXIe siècle, le Portugal a un genou à terre et n'est plus qu'un nid de pourris en cols blancs, que les politiciens corrompus et l'Europe « salvatrice » ont affaibli. « La plupart des entreprises portugaises avaient été bradées. Grâce à la crise, n'importe quel délinquant portugais plein aux as pouvait s'emparer d'une part du gâteau portugais ».

À l'image d'António Carmona, patron de la banque BVG, c'est open bar pour les magouilles et ce Madoff portugais a monté une pyramide de Ponzi bancaire florissante. L'argent sale international y afflue, jusqu'au jour où il faut rendre des comptes. « Aujourd'hui, être banquier, c'est presque aussi abominable qu'être pédophile ». Et ses déposants mafieux angolais ou sud-américains ne sont pas du genre patients…

Toute ressemblance bla, bla, bla… Dans Château de cartes, Miguel Szymanski – traduit par Daniel Mathias – fait mieux que nous offrir une intrigue polardo-financière sombre et construite à la mode impressionniste, par petites touches désordonnées et additionnées qui font sens à la fin.

Le néo-romancier convoque régulièrement l'ex-journaliste pour nous décrire de l'intérieur la crise qui a ébranlé l'économie et la vie politique du Portugal dans les années 2000. L'équilibre n'est jamais évident et d'autres avant lui s'y sont plantés mais Szymanski réussit haut la main à tenir le fil de son intrigue tout en la nourrissant d'éléments de contexte issus d'un passé bien réel et pas si lointain.

Bref ça fonctionne, notamment grâce au personnage de Silva dont Szymanski dévoile une partie de la complexité et du passé, avec un art du teasing évident qui donne envie d'aller plus loin. Ça tombe bien, ce patron de brigade financière aux méthodes particulières est appelé à devenir récurrent.

Un dernier mot sur le vrai héros du livre : Lisbonne, décrite avec le regard nostalgique et amoureux de celui qui se désespère parfois de la voir changer, mais revient néanmoins y puiser la dose d'authenticité qui semble avoir fui le reste de l'Europe…
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