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Critique de belette2911


Si j'apprécie les thrillers américains, si je n'ai rien contre les auteurs francophones qui écrivent comme s'ils étaient des purs ricains, j'apprécie tout de même un thriller à la française !

Pas de honte, messieurs, dames, les écrivains à être francophone. Il faudrait de temps en temps éviter cette manie de "fabriquer" des thrillers à l'américaine.

Avec ce livre, mes voeux sont exaucés, Maud Tabachnik est revenue au policier classique. Ouf, un bol d'air pur !

Enfin, "air pur", façon de parler, hein. Ici, c'est tout ce qui s'est passé (et qui se passerait encore) dans nos charmantes provinces peuplées de francs salauds et autres fumiers, sans oublier les indétrônables cons, ceux qui se croient tout droit sortis de la cuisse de Jupiter, alors qu'ils ne seraient même pas digne d'être sorti du côté "officiel" de celui des excréments. C'est vous dire ce que je pense d'eux.

Oui, je parle de ce que je nomme poétiquement "les raclures de bidet".

Ambiance glauque, dans ce roman...

Pourquoi ? Que se passe-t-il ? Et bien, c'est le fils Walter qui revient dans la petite ville de l'est de la France où il a passé une partie de son enfance.

On ne l'y avait pas vu depuis la guerre, et plus précisément une nuit où ses parents ont été arrêtés suite à une dénonciation.

Vous voyez où je veux en venir ? Oui, les Walter étaient juifs, et le fils a été le seul membre de la famille à réussir à s'enfuir, échappant à la mort.


Il revient donc dans ce charmant patelin bucolique et rachète l'étude du notaire.

Toutes les familles qui jalousaient la sienne sont encore là et guettent ses moindres réactions dans la crainte d'une vengeance, car Walter veut savoir qui a dénoncé sa famille.

Mais aura-t-il la force d'accomplir cette vengeance ? L'apaisera-t-elle seulement ? That is the question... Non, je ne dirai rien de plus !

Voilà donc un livre subtil, tout en nuances, digne du meilleur des écrivains de roman policier, me réconciliant un peu avec l'auteur, du moins, pour ce roman.

Si vous aimez les huis-clos étouffants d'une petite ville de province où l'hypocrisie est un sport national, un état d'esprit, quelques chose d'inscrit profondément dans les gènes, ou, comme le souligne une autre critique "une religion, non pas d'État mais communale", alors ce livre est fait pour vous et il vous ira comme un gant.

Pas besoin de faire des retouches, ça ne fait pas un pli, il vous tombera pile-poil dans les mains.

L'atmosphère est lourde comme un soir de canicule sans vent, elle vous colle aux basques, vous oppresse, vous indispose de par sa moiteur et l'évocation des actes lâches dont se sont rendus coupables un certain nombre de français pendant la guerre donne à réfléchir (hé, je ne jette pas la pierre aux Français ! Beaucoup de peuples ont à rougir).

Une fois de plus "putain de guerre !".

Voilà pourquoi je vous disais plus haut que l'ambiance de ce roman était glauque : la trame de fond est consacrée à la persécution subie par le peuple juif durant la guerre et à la vengeance que l'un d'eux pourrait accomplir...

Les personnages sont fouillés et vont jusqu'au bout d'eux-mêmes avec une vérité m'a prise à la gorge.

Une indéniable réussite.

Moi aussi j'ai apprécié le lien que l'auteur a créé entre le personnage principal et le « protégé » de ce dernier.

Que voilà donc une belle étude psychologique des âmes des habitants des petites villes bourgeoises de province. le gratin... de la raclure du bidet, of course !

Malgré tout cela, quelques rebondissements sont assez prévisibles et je m'y attendais. Cela n'enlève rien au plaisir que j'ai pris à lire ce livre.

Belle description (si je puis m'exprimer ainsi) de ce qu'a pu être l'ignominie de ce mois de février 1943, les dénonciations "ordinaires", les spoliations "ordinaires", et que, vingt ans plus tard, les mêmes qui les avaient organisées étaient toujours en place, près du pouvoir, que leurs idées "noires" ne les avaient pas quitté.

A méditer...
Lien : http://the-cannibal-lecteur...
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