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Critique de Poljack


Mon avis :
La vie à fleur de terre est le premier roman de Maud Tabachnik, réédité par les éditions de Borée. J'ai découvert cette auteure il y a une quinzaine d'années, avec La honte leur appartient ; depuis, j'ai lu deux ou trois autres de ses polars, mais ça remonte à une bonne décennie. Autant dire que je ne suis pas vraiment un fan, surtout si l'on rapporte ce chiffre à celui de sa production, qui doit approcher la trentaine d'ouvrages, en ne parlant que des policiers.
Avec le temps, j'aurais du mal à reprocher quoi que ce soit à ces lectures, mais pour une raison qui ne tient sans doute qu'à moi, je n'ai jamais ressenti d'atomes crochus avec cette auteure ; alors, quand les éditions de Borée m'ont envoyé ce bouquin en service presse, je ne peux pas dire que j'ai sauté de joie !
Et bien, j'ai eu tort !
Ce roman, d'abord paru en 1990 chez Denoël, dégage un petit parfum bien sympathique, à la façon d'une chanson de Renaud (celles des années 70, 80) ; un mélange de tendresse et de revendication, un monde où les voyous ont le coeur tendre et où l'amour et l'amitié sauvent de la médiocrité.
La vie à fleur de terre, c'est l'histoire d'une fleur de béton, une mauvaise herbe qui a poussé comme elle a pu, dans un terreau peu fertile aux bons sentiments. On voit que déjà Maud Tabachnik explore les thèmes qui lui sont chers : la condition humaine, la place de l'homme dans la société et la manière dont cette dernière influe sur les comportements, mais aussi les mille et une façons de s'en sortir.
Ici, c'est une rencontre improbable qui amènera chacun des protagonistes vers un ailleurs qu'il n'aurait même pas pu concevoir.
La vie à fleur de terre, c'est une histoire de voyou au grand coeur sur fond de tension sociale et de bêtise humaine ; la grande force de ce récit est de nous rendre sympathique un individu qu'ordinairement on aurait fui, certainement détesté et sans guère de doute, condamné, tant on est apte à juger sur la surface. Maud Tabachnik ne va pas chercher aux tréfonds de l'âme humaine ses aspects les plus répugnants, mais au contraire, en extirpe ce qu'il reste de beauté quand la vie a recouvert de laideur l'innocence d'un enfant.
On est pourtant bien dans le roman noir, tout ne se termine pas forcément bien pour tous les personnages, et bien qu'il porte en lui l'espoir que tout est possible, ce récit ne joue pas la carte du roman « feel-good ». Empreint de lucidité, il trace un portrait sans concessions des dérives d'une société individualiste où les gens de pouvoir n'hésitent pas à exacerber les tendances nationalistes les plus extrémistes pour asseoir leurs prérogatives. Écrit il y a près de trente ans, il reste malheureusement d'une brûlante actualité.
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