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Critique de NMTB


Un recueil de textes bâtards que j'ai du mal à nommer poésie tant le fond polémique prend le pas sur la forme. Laurent Tailhade a une écriture originale, très stylée, aux nombreuses inspirations. D'abord il y a des références ouvertement revendiquées, celles de François Villon dont il partage le goût d'un argot un peu obscur (et qui lui permet aussi d'utiliser des archaïsmes insolites) et de Jules Laforgue avec sa manière d'introduire une trivialité frivole dans ses écrits les plus potaches. Ensuite il y a peut-être aussi d'autres inspirations moins avouables pour Tailhade, celle de Huysmans et son côté maniéré ou de Bloy pour la véhémence des propos anti-bourgeois. Moins avouables, car ce sont deux écrivains à l'opposer de lui sur l'échiquier politique ; on remarquera quand même qu'il épargne relativement ces deux-là. Par contre François Coppée, Pierre Loti, Péladan, Barrès ou Drumont s'en prennent plein la tête, dans des attaques qui restent souvent à un niveau section maternelle, du genre Péladan pu des pieds, Barrès n'a plus de dents... Au pays du Mufle, Tailhade est le roi !
Aussi bizarre que pourrait paraître cette appellation, Laurent Tailhade a écrit une « poésie dreyfusarde », beaucoup plus politique qu'esthétique. Ses ennemis sont clairement identifiés, ce sont les royalistes, les catholiques, les nationalistes, etc. Et cela pose à mon avis un véritable problème de compréhension qui s'ajoute à un style qui n'est déjà pas aisé à aborder et demande beaucoup d'attention. A trop sacrifier à la nouvelle idole de l'actualité politique, il s'est rendu illisible. Car si tous les noms que j'ai évoqués un peu plus haut restent connus - je ne suis pas bien sûr qu'ils soient beaucoup lu, mais ils gardent une certaine aura - d'autres, des dizaines d'autres noms cités par Tailhade (puisque les attaques ad personam sont une spécialité de ce livre) sont tombés dans un complet oubli, bien mérité sans doute. On peut goûter les rimes originales construites avec ces noms propres et devenus proprement insignifiants, rire des formulations incisives, s'émerveiller des trouvailles langagières, mais elles ont perdues toute leur force et on ne comprend en vérité plus rien, pas même la rage dreyfusarde de Tailhade qui parait à demi aveugle et puérile.
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