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Critique de SZRAMOWO


Heureux le SZRAMOWO,
Reçut de Babelio,
Mission d'aller là haut,
sur l'escalier de Takano,
Treize marches, c'est trop !
Treize marches, c'est beau !

Merci Masse Critique !

Treize marches : on apprend au cours du roman, que c'était le nombre de marches conduisant autrefois à la potence, et que c'est aujourd'hui le nombre d'étapes qui, au Japon, conduit de la condamnation à mort à l'exécution de la peine capitale.

« Les «Treize marches», se souvenant que c'était l'autre nom de la potence, le procureur goûta toute l'ironie de la chose. Dans l'histoire de la peine de mort au Japon depuis l'ère Meiji, jamais une potence de treize marches n'avait été construite.»

Un processus inhumain en soi, au Japon, les condamnés sont pendus, est renforcé par une procédure atroce, celle qui consiste à ne pas informer le condamné du jour où il sera exécuté.
«La tâche dévolue au procureur vacataire équivalait à la cinquième marche de l'escalier. Il restait donc huit pas à faire avant l'exécution. Ryô Kihara, le condamné, gravissait à son insu, degré après degré, l'escalier du gibet. Il parviendrait au dernier dans trois mois environ»

Le prologue du livre donne la chair de poule. Voir la citation que j'ai posté.
«La Mort arrive à neuf heures du matin.
Ryô Kihara le savait. Une fois seulement, il avait entendu ses pas.»
Le roman est une mine de renseignements sur les procédures judiciaires appliquées au Japon, et un ouvrage extrêmement documenté, avec en fin de récit, une bibliographie impressionnante.
L'histoire est conçu comme une série d'emboitements, de la vie des personnages, des situations qu'ils vivent simultanément ou en décalage dans le temps, des faits qui leur sont reprochés.
Le lecteur est tout de suite plongé dans l'intrigue :
Ryô Kihara, 32 ans, condamné à mort pour un meurtre qu'il ne se souvient pas avoir commis. La procédure d'exécution est lancée, il est à l'une des treize étapes, il ne sait pas laquelle, et frémit dès qu'il entend des pas dans le couloir de sa cellule. Il est emprisonné depuis 7 années.
Jun'ichi Mikami a tué un homme Kyôsuke Samura . Homicide involontaire ou légitime défense, dirions-nous. Il a été condamné à 2 années de prison ferme, mais bénéficie d'une liberté conditionnelle. au bout de 18 mois. La conduite de Mikami a conduit ses parents à la ruine, ils ont dû payer les 67 milliards de dommages et intérêts aux parents de la victime.
Tazaki, libéré en même temps que Jun'ichi, a lui tué sa fiancée en apprenant qu'elle n'était pas vierge.
Les gardiens de prison, dont Nangô, ne sont dupes, ni de leur métier ni de la personnalité des détenus, ni de la capacité d'un système hypocrite à faire preuve d'un peu plus d'empathie et pour les assassins et pour les victimes.
Ainsi, en fixant l'indemnité pour le décès d'une victime à 10 millions de yens, l'Etat, pour économiser ses deniers, renvoie la question des dommages et intérêts aux assurances ou à la famille des coupables.
Ce sont des professionnels endurcis. Ils appliquent la procédure avec toute la conscience dont ils peuvent faire preuve.
Le noeud de l'intrigue repose sur le fait, que il y a dix années Jun'ichi a fugué avec sa petite amie Yuri Kinoshita, dans la même ville où s'est produit le meurtre dont est accusé Ryô Kihara.
Un mystérieux avocat, Maître Sugiura recrute Nangô pour recueillir des éléments nouveaux afin d'instruire le pourvoi en révision du procès de Ryô Kihara. Nangô décide alors de s'adjoindre les services de Jun'ichi, dans le cadre de sa probation.
L'ensemble des éléments du dossier sont présentés par Nangô, un peu à la façon dont les affaires criminelles sont présentées dans les émissions radio ou TV spécialisées dans le genre.
Takano nous livre une foule de détails, une avalanche de renseignements, un amoncellement de preuves, un torrent de certitudes, une montagne d'indices concordants, à tel point qu'à la fin de leur lecture on se dit :
Il faudrait réunir les talents de, Sherlock et Poirot, Montalban et Montalbano, Jean-Baptiste Adamsberg et Camille Verhoeven, Nestor Burma et Jules Maigret, pour dénouer l'intrigue et parvenir à prouver l'innocence de Ryô Kihara.
« - Ce n'est pas vraiment possible, si ?
- J'en doute. Pourtant les traces de pneus retrouvées non loin de la pelle appartenaient à la moto de Kihara, cela fut avéré. »
« le portefeuille contenant la carte de crédit de Kôhei Utsugi fut découvert dans les affaires du jeune homme. En outre un examen ultérieur révéla la présence (...) sur ses vêtements (...) (de) son propre sang et (de) celui des deux victimes.»
C'est pourtant à cette tâche que vont s'atteler Jun'ichi et Nangô...
Tout à la fois roman policier et chronique judiciaire, Treize marches s'apparente à un plaidoyer contre la peine de mort, les aléas de la justice et la loterie des condamnations. le récit ne fonctionne pas comme un roman à énigmes, puisque les enquêteurs décrivent leur cheminement pas à pas, mais plus comme une démonstration magistrale, et magistrale, elle l'est.
Le style simple et dépouillé de Takano sert à merveille la narration.
Un roman impressionnant de précision, d'invention, où les rebondissement surprennent le lecteur dont l'attention est accrochée tout au long du déroulement de l'enquête.
Je ne connaissais pas Takano, mais je vais lire ces autres romans, comme :
*『ジェノサイド』 (Jenosaido, Génocide), 2011. Prix Fûtarô Yamada et prix des auteurs japonais de roman policier
*『グレイヴディッガー』 (Gureivudiggaa, Fossoyeur), 2002
*『K・Nの悲劇』 (K.N. no higeki, La Tragédie de K.N.), 2003
*『6時間後に君は死ぬ』 (Roku ji kan go ni kimi wa shinu, Tu n'as plus que six heures à vivre), 2007. Adapté à l'écran.

LISEZ TREIZE MARCHES !
Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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