AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Patsales


Ah, l'inspecteur Derrick, son rythme frénétique et son limier impitoyable malgré son regard à la Droopy... si vous regrettez les après-midi de FR3, hissez-vous à pas menus sur les treize marches de ce polar japonais dont les dialogues percutants vous laisseront pantelant.
« Nangô demanda :
— Vous êtes Mme Utsugi, je suppose ?
Elle-même, répondit-elle sans la moindre méfiance.
— Mme Yoshie Utsugi ?
— C'est bien ça. »
Ou bien:
« Vous êtes M. Minato ? demanda Jun'ichi en s'approchant.
Daisuke Minato se redressa.
— Oui.
— Je m'appelle Mikami, c'est moi qui vous ai téléphoné hier soir.
— Ah ! c'est vous qui travaillez pour un cabinet d'avocat, non ?
— Euh, à vrai dire, j'aide le cabinet, répondit Jun'ichi afin d'éviter toute fausse déclaration. Je suis venu vous poser une question au sujet de M. Ryô Kihara.
— Hein ? Kihara ?
Minato ouvrit de gros yeux ronds derrière ses lunettes à monture noire.
Trouvant une telle surprise un peu louche, Jun'ichi reprit : 
— Désolé de vous déranger en plein travail. Vous préférez que je repasse plus tard ?
— Non, je peux bien vous accorder une dizaine de minutes. Nous n'avons pas encore de clients, ce matin. »
Un tel déluge d'info, ça calme. Il faut lire lentement, pour être sûr de ne rien louper.
Et puis, c'est un roman qui fleure bon les années 70, l'époque où les mâles en étaient vraiment.
« Nangô regarda Jun'ichi. le jeune homme savait ce qu'il voulait lui dire, mais priait de tout son coeur pour qu'il continue de se taire. Or Nangô lâcha :
— Tu es pédé ?
Tous deux s'éloignèrent alors en courant, aussi vite et silencieusement que possible, et là, à une centaine de mètres de l'immeuble, ils explosèrent de rire. »
Et pourtant, tout n'est pas à jeter dans ce surprenant polar. La résolution de l'intrigue tient la route et surtout y'a pas plus dépaysant ; « Treize marches » peut être placé dans le top five des romans policiers ethnologiques.
« En 1988, an 63 de l'ère Shôwa, lorsque se répandit la nouvelle de l'aggravation de l'état de santé de l'empereur, toutes les procédures relatives à la peine de mort furent interrompues. Sachant qu'une grâce par décret serait appliquée au décès de l'empereur et considérant qu'elle inclurait les condamnés à la peine capitale, les exécutions furent ajournées. Si, au premier abord, cela put passer pour une forme d'indulgence de la part de l'exécutif, il en résulta par la suite une incroyable tragédie. En effet, plusieurs accusés condamnés à mort en première instance avaient entamé des procédures devant les tribunaux afin d'obtenir une commutation de leur peine : ceux-ci abandonnèrent d'eux-mêmes toute tentative d'appel ou de pourvoi, et scellèrent du même coup leur condamnation à mort. 
Cette tragédie eut lieu parce que la grâce ne s'applique qu'aux condamnés dont la sentence de mort est définitivement prononcée. Si le procès est toujours en cours à la publication du décret de grâce, il est impossible d'en bénéficier. »
En fait, la justice au Japon, en tout cas telle que la décrit ce roman, fait irrésistiblement penser aux médecins de Molière. Mieux vaut mourir selon les règles que de guérir en les négligeant. Les 13 marches sont notamment les 13 tampons que reçoit un ordre d'exécution de la peine de mort. le 13° coup de tampon donné, le condamné doit être pendu, quand bien même la preuve de son innocence éclaterait-elle.
Il y a encore quelqu'un pour trouver l'administration française tatillonne ?



Commenter  J’apprécie          210



Ont apprécié cette critique (18)voir plus




{* *}