AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Musa_aka_Cthulie


Perfect Blue, c'était jusque-là un film plus ou moins connu du public français, que je n'ai d'ailleurs toujours pas vu à ce jour. Les éditions Ynnis, que je découvre, publient pas mal de choses en lien avec le cinéma, et notamment des romans ayant inspiré certains films d'animation comme Paprika. Sur le papier, ça paraissait alléchant, et connaissant vaguement le scénario de Perfect Blue (le film), et sachant qu'il traitait en partie de la frontière entre réalité et fiction (oui, encore !), j'étais plus que partante pour le roman qui servit à la genèse du film. J'aurais peut-être bien fait de lire la fiche Wikipédia de Perfect Blue (le film, toujours) jusqu'au bout, vu qu'elle signale au passage que le réalisateur s'est énormément détaché du roman parce que, selon lui, sinon ça n'aurait donné que l'histoire inintéressante d'une idole (phénomène essentiellement japonais et coréen) harcelée par un fan désaxé. Si donc j'avais lu la fiche Wikipédia entièrement, mes ardeurs auraient sans doute été refroidies à l'idée de lire Perfect Blue : Métamorphose d'une idole de Takeuchi Yoshikazu, à la place de quoi je n'étais que joie lorsque j'ai reçu le roman dans ma boîte aux lettres.


Ô rage, ô désespoir, ô Masse critique ennemie, n'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ??? Je vous vois venir : "C'est de ta faute, tu fais exprès de lire des trucs mauvais juste pour écrire tout et n'importe quoi sur Babelio et en profiter pour faire ta maligne." Sache donc, ô lecteur qui ne craint pas de suivre mes divagations habituelles (mais quelle est donc cette soudaine manie pour les "ô"?), que je ne choisis pas de lire des daubes juste pour m'épancher pendant des pages et des pages. Non pas que je n'aimasse pas m'épancher (ah, une manie pour le subjonctif, à présent !) un tantinet. Je lis des livres tout à fait corrects, mais qui ne m'inspirent pas de meilleure critique que "C'était pas mal..." et de bons livres, parfois sur lesquels je n'ai rien à dire sinon "Ah, c'était bien !", ou encore à propos desquels je dois profondément réfléchir pour n'écrire que le début d'une ligne, si bien que l'envie de démonter un autre livre, pas terrible celui-là, me semble tout de suite plus chatoyante. Ceci étant posé, passons à Perfect Blue : Métamorphose d'une idole.


Ce n'est pas seulement la réputation du film d'animation qui m'a poussée à lire le roman, mais aussi la fin de la quatrième de couverture. Combien de fois ai-je dit qu'on ne m'y reprendrait plus avec une quatrième de couverture ? Eh ben me voilà retombée dans le panneau ! Encore ! Voyez plutôt : "Prise au piège d'un plan macabre, l'idole tourmentée devra alors tout faire pour sauver sa peau. Mais la métamorphose de Mima est imminente..." le coup de la métamorphose a eu raison de moi, j'ai pensé qu'il se cachait quelque chose de captivant, ou du moins un chouïa intéressant là-dessous. Donc, je vais cracher le morceau tout de suite : la métamorphose en question, c'est pas du tout une métaphore, ou un truc psychologique, ou un truc choquant, ou que sais-je encore. Il s'agit d'un changement d'image très banal concernant l'héroïne (un peu comme si je décidais du jour au lendemain de porter du rose au lieu de mon kaki habituel).


En résumé : début des années 90, Mima est une jeune fille japonaise (18-20 ans, peut-être), mignonne, gentille, attentionnée, travailleuse (oui, bon, elle a toutes les qualités) et qui se trouve être une idole. Les idoles, pour ceux qui ne connaissent pas, ce sont de jeunes gens, souvent mineurs, qui font partie d'un groupe musical et sont surmédiatisés, pour les plus populaires d'entre eux. Ce qui implique des tas d'activités, des tas des pratiques douteuses, des contrats de travail relevant de l'esclavagisme ainsi que des fans au comportement un rien hystérique, voire carrément extrême. Les agressions envers les idoles ne sont pas si rares, parce que favorisées par le système des idoles - interdisant notamment à celles-ci d'avoir une relation amoureuse -, parce que c'est mal de se plaindre de ses fans (les fans dépensent tous leurs sous, voire plus, pour les idoles, donc on ne va pas les contrarier), et aussi parce que la police s'en fout. Bref, c'est un système assez pourri. Je m'attendais donc à un brin de critique sociale de la part de Takeuchi Yoshizaku, d'autant qu'il a été l'auteur d'articles de presse sur le sujet. Je ne sais pas s'il a pensé effectivement proposer en partie une critique sociale, ou si le système des idoles était bien moins horrible au début des années 90 qu'aujourd'hui ; toujours est-il que la critique sociale est très faiblarde.


L'intrigue est plate, le style est plat. Je veux bien que le traducteur ne soit éventuellement pas doué, ou pas motivé, ou mal payé, mais même sans le lire en japonais, la platitude du texte original se fait sentir. Passons. Un premier chapitre nous vaut carrément un avertissement en avant-propos, qui nous prévient tout de go qu'on va nous donner à voir le viol d'une fillette. Les éditions Ynnis ont choisi de ne pas censurer ce chapitre - et je pense que si on ne veut pas publier certains passages d'une oeuvre, autant ne pas publier l'oeuvre du tout, censurer des chapitres ne rimant à rien - mais se justifient plus ou moins avec des arguments qui n'ont pas vraiment de rapport avec le roman. le fait est que ce chapitre est inutile au vu du reste du roman, voire malsain. Je ne suis pas née de la dernière pluie : en matière de cinéma japonais, d'animes, de mangas, sans parler de certains jeux vidéo interdits en France (rassurez-vous, je n'ai rien contre les mangas, les animes, les jeux vidéo ou le cinéma japonais, bien au contraire), je tombe régulièrement sur des trucs qui sont au minimum chelou (pour un public français, s'entend). La façon dont y sont traitées les agressions sexuelles, la pédophilie et plus généralement la sexualité sont parfois dérangeantes. Dans Perfect Blue : Métamorphose d'une idole, il y a un côté complaisant dans la description de ce viol qui pose question, bien que tempéré en partie (il s'agit bien d'un viol, la victime souffre, elle est terrifiée et dégoûtée par le violeur, pas d'ambiguité là-dessus). Mais je le répète, en sus d'une certaine complaisance sur laquelle je ne m'étendrai pas, c'est parfaitement inutile. le personnage du violeur est complètement barré, dangereux, agressif, on le comprendra aisément par la suite. Et cette partie de l'histoire n'aura pas d'impact sur le reste, la fillette n'apparaissant plus.


On a donc une gentille idole que je vous ai présentée plus haut, Mima, et un fan cinglé qui s'exprime bizarrement (parfois il peine à sortir un seul mot, parfois il s'exprime tout à fait normalement, sans logique aucune) et qui la harcèle. Ajoutons une assistante adorable, Rumi, un agent agréable (je croyais que les agents d'idoles étaient tous infects, celui-ci est parfait), un photographe charmant et très pro (on aura droit à un début de romance complètement inutile entre Rumi et lui), ainsi qu'une vilaine-idole-adversaire-de-la-gentille-idole, donc méchante, prête à tout, dépravée, ne songeant qu'à s'envoyer en l'air avec absolument n'importe qui. Vous l'aurez compris, on donne dans la caricature pour ce qui est des personnages. Comme Mima veut faire décoller sa carrière, son agent lui propose de se défaire de son image de gentille petite idole propre sur elle et de se construire une image plus sexy. Eh oui, c'est ça et rien de plus, la métamorphose de notre idole ! Ah, la déception... Mima a bien quelques hésitations, mais au fond, tout ça se passe très bien, et s'il n'y avait pas ce fan dérangé ne supportant pas le changement d'image de son idole à la pureté immaculée, il n'y aurait pas d'histoire du tout.


D'où le thriller horrifique (selon les mots de l'auteur). Alors thriller, ouais, bof. Un thriller supposerait du suspens et une atmosphère un rien prégnante. Mais non. Quant à l'horreur, alors oui, il y en a. Mais c'est du gore. Et pas du gore à la Cronenberg comme dans La Mouche. Nan, c'est du gore bas de gamme. Je vais pas tout vous révéler, mais c'est une espèce de très mauvais mélange entre Les Yeux sans visage (mais en très nul), Terminator (mais toujours en très nul) et des machins sanglants ridicules. En fait, ça m'a rappelé le film A Cure for Life, qui pour le coup posait une véritable ambiance, avec une belle photographie, mais qui se terminait malheureusement en grosse mascarade. Dans Perfect Blue : Métamorphose d'une idole, oubliez l'ambiance, oubliez évidemment la belle photographie, et ne pensez que "grosse mascarade". C'est grotesque, le type cinglé est plus tenace que Schwarzy dans Terminator, ce qui relève de l'exploit (et j'adore Terminator, notez bien), et j'ai beau être trouillarde et tout ça, j'arrivais même pas à avoir peur ou à être dégoûtée par les scènes de torture tellement c'était hautement ridicule.


En sus, les personnages trouvent tout le temps le moyen de faire exactement ce qu'il ne faut pas faire, du style ouvrir la porte sans savoir qui est derrière alors qu'un type taré et dangereux rôde dans le coin. Toutes, absolument toutes les manières d'aller se jeter dans la gueule du loup sont bonnes à prendre, si bien qu'on se croirait dans Scream (mais encore une fois en très nul, car j'adore Scream, évidemment).


Eh ben voilà, je croyais que j'allais aimer ce roman et c'est raté. Arghhhhh !!!




Masse critique Mauvais genres
Commenter  J’apprécie          5221



Ont apprécié cette critique (49)voir plus




{* *}