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Critique de ecceom


Le destin peu ordinaire d'une vie assez Commune

Évidemment, Louise Michel, la Commune, le rêve libertaire, le féminisme...on aimerait pouvoir en dire du bien.
Hélas, ce roman graphique est plutôt ennuyeux.

Il y a d'abord, le traitement de l'histoire, assez confus.
Les auteurs (le couple américain Mary et Bryan Talbot) ont choisi de faire raconter en flash-back, la vie de Louise Michel.
On démarre donc en janvier 1905. Louise Michel vient de décéder et son corps, transporté en train depuis Marseille, arrive à la Gare de Lyon.
Au même moment, une jeune femme, Monique, accueille Charlotte Perkins Gilman, une conférencière féministe et socialiste américaine. Cette dernière, apprenant la raison d'un tel déploiement policier, évoque alors Louise Michel qu'elle a rencontré à Londres et les deux femmes, bientôt rejointes par la mère de Monique, retracent la vie de la Vierge Rouge. Défilent alors les épisodes de sa participation à la Commune, sa déportation en Nouvelle-Calédonie (où grâce à une méconnaissance de ce territoire par l'administration confondant une île-bagne avec une presqu'île plus accueillante près de Nouméa, elle séjournera dans des conditions relativement confortables) jusqu'à son retour en métropole et la poursuite de diverses luttes autour de l'éducation, l'égalité sociale, le féminisme...entrecoupée de fréquents séjours en prison...

Les récits s'entrecroisent jusqu'à rendre l'ensemble assez décousu. Par exemple, on assiste d'abord à l'exposition parisienne de 1889 avant de se retrouver quelques années plus tôt avec la Tour Eiffel en construction. Et puis on peine parfois à savoir qui est qui : Louise Michel, la petite fille qu'elle a protégée, sa mère...?

Sinon, l'ensemble est très documenté (le livre comprend une importante partie de notes qui renvoient aux différents passages) et aborde à peu près tous les aspects de la vie de la "Vierge Rouge", même s'il survole -volontairement- quand même quelques points importants comme le ralliement à partir du bagne, de Louise Michel aux idées anarchistes, ses "compagnes", son amitié avec le pourtant très contestable Henri Rochefort ...
En revanche, il met en lumière des aspects peu connus (de moi en tous cas) de Louise Michel et notamment son amour pour les récits d'anticipation et son optimisme quant aux débouchés scientifiques.

Il s'agissait sans doute d'une femme exceptionnelle et ce récit rempli de situations héroïques, d'élans de générosité, d'actions courageuses...aurait dû me soulever, il n'en est rien.
A plusieurs reprises, devant certains comportements ou des sentences un peu emphatiques, je me suis même surpris à fredonner du Brassens ("Mourir pour des idées") dont l'"anarchisme" m'attire définitivement davantage.

J'ai d'autant plus regretté ma position de social-traitre que le dessin est excellent, même si on peut s'étonner de la proximité graphique avec Tardi qui, lui aussi mais de manière plus large, a traité cette période ( le Cri du peuple, tome 1 : Les Canons du 18 mars . Bryan Talbot pousse même la ressemblance jusqu'à n'autoriser que la couleur "rouge" en plus de son N & B.

Un bel objet, mais que je ne considère pas comme indispensable, les bons sentiments ne faisant pas toujours de grands livres.
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