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Critique de Litteraflure


J'ai vu passer ce livre 100 fois sur les comptes Insta mais je me suis lassée des édition Gallmeister dont les thèmes fétiches sont un peu toujours les mêmes : une forêt, des tarés (voire des psychopathes) et si possible, un loup. le premier chapitre m'a rendu perplexe : encore une histoire d'inceste et de viol sur mineure. Je doutais. Une criminologue m'avait expliqué qu'avec six milliards d'individus et plus de quatre mille ans d'histoire, l'espèce humaine e exploré toutes les registres de l'atrocité, même celles qu'on n'ose à peine imaginées. C'était donc à la narration de me convaincre, de rendre crédible l'innommable. J'étais conquise au bout de quelques chapitres. J'ai été impressionnée par la très juste évocation du pervers narcissique : Martin, le père de Julia, fait le mal tout en culpabilisant sa victime. Captivée par ce pages turner : la tension est constante. Convaincue par la dénonciation non dissimulée du port d'armes dont la présence stimule la folie des hommes. Mais le principal intérêt du livre n'est pas là. Il y a d'abord l'atmosphère, lugubre, dans cette forêt omniprésente, agressive. À chaque début de chapitre, Gabriel Tallent décrit les plantes à la manière d'un inspecteur de la police scientifique (il fait pareil avec les armes). Cette exigence à disséquer, exposer le végétal rappelle l'affrontement entre nature et culture. La nature, c'est l'état sauvage, le comportement du père, un homme dont on comprend que ses pires instincts se réveillent dès lors qu'il s'isole du monde. La culture, c'est la civilisation, la ville, l'école, les femmes, protectrices, salvatrices. C'est cette opposition assumée de l'homme-nature et de la femme-culture que j'ai trouvé la plus puissante. D'autant qu'à deux moments du livre, l'héroïne tente de dompter la nature menaçante pour sauver l'homme qu'elle aime (passage sur l'île) représentant d'une civilisation superficielle et gentiment décadente ou pour se reconstruire (le potager). Un renversement inattendu qui donne de la profondeur à l'opposition nature-culture, et à la relation complexe entre le père oppresseur et la fille prisonnière de son ADN. L'analyse psychologique des personnages est de haute volée. L'horreur n'est pas gratuite, comme dans beaucoup de thrillers américains ou scandinaves. C'est un livre qu'il faudrait lire 4 ou 5 fois pour en apprécier toutes les subtilités, et tous les thèmes sous-jacents (la mère-la mer, la maison-le foyer, la femme-fille…) : la définition d'un chef-d'oeuvre.
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