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Critique de Merik


C'est une île ensoleillée sans nom ni localisation GPS, "une miette dans la Méditerranée". Pourtant on apprendra vite à la situer, quelque part à l'horizon d'une ligne de sagesse, de tradition séculaire et de bon sens. Et ce grâce au talent de conteur de notre pêcheur narrateur, sans nom lui non plus, à un âge qu'il ne sait même pas. "Moi je dirais : au moins trois mille ans". Une chose paraît certaine cependant, il a gardé à proximité son âme d'enfant.

C'est une communauté de pêcheurs à la lisière de l'humanité qu'il nous présente, des pêcheurs sensibles aux créatures maritimes dont ils sont issus, à l'écoute aussi des mouettes ou des éléments. Plus proches de la nature que les humains du continent d'en face c'est sûr, d'autant qu'il y règne une dictature. Ils accueillent pourtant sans s'opposer leurs frères humains et parfois touristes, à la fois si proches et si lointains, de manière toujours affable, "des modèles de bonhomie méditerranéenne" avec les mains croisées dans le dos à écouter leurs jérémiades et leurs leçons, opinant sagement du bonnet avant de n'en faire qu'à leur tête. Celle posée depuis la nuit des temps sur les rochers du bon sens et de la raison.

C'est plus précisément l'histoire de personnages à l'allure mythique sur l'île, preuve en est qu'ils ont quant à eux un prénom : Benjamin ce garçon "à l'allure de dieu grec" descendu du bateau-navette, "le plus beau jeune homme de l'île mais aussi un garçon très droit, très juste", ou Michaëla, future sainte non reconnue par l'Église des touristes.

C'est aussi un petit livre par l'épaisseur, qui contient un très joli texte sensible et poétique, au ton un brin décalé, parfois drôle ou impertinent mais toujours bienveillant, comme celui d'un enfant éternel qui regarderait avec surprise un monde fou d'adultes paumés.

Mais c'est surtout un délicieux conte aux airs allégoriques, à la résonance désenchantée immédiate en ces temps de course obstinée de l'humanité. À déguster les pieds dans l'eau, de préférence dans un endroit préservé.

« Et le soir par nos cris déchirants nous tenterons de le rappeler à nos frères humains : celui qui ne sait pas sauver son prochain se perd lui-même. »
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