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Critique de BlueGrey


Hiroshi Nakahara, 48 ans, se retrouve après une nuit de beuveries à revivre ses 14 ans : il a l'apparence de l'adolescent qu'il était, il est dans le monde et l'époque de cet adolescent, mais avec l'esprit et l'expérience de l'homme adulte. Il retrouve ainsi ses amis d'enfance, son école, sa soeur, sa mère décédée 23 ans plus tôt, et son père qui justement les abandonna cet été là. Questionnant sa grand-mère, ses parents, ses amis, il réalise tout ce qui lui avait échappé lorsqu'il était jeune. Avec son expérience d'adulte, il repère la fêlure qui a détruit (ou détruira ?) son bonheur d'enfance. Et petit à petit, l'année scolaire avançant, il voit se rapprocher la date fatidique où son père disparaîtra, pour toujours, sans aucune explication. Pourra-t-il interférer sur le cours du temps ? Pourra-t-il changer son passé ou est-il condamné à le revivre, impuissant ? Retrouvera-t-il son existence normale, sa femme et ses enfants ? Et comment gérer la discordance entre son corps d'adolescent et sa pensée d'adulte ?

Qui n'a jamais rêvé de revenir ainsi dans son propre passé en conservant sa maturité et son identité d'adulte et, peut-être, pouvoir changer les choses, changer le cours de sa vie ? C'est une belle évocation du temps qui passe, pleine de délicatesse et de nostalgie, que nous propose ici Jirô Taniguchi. C'est un jeu de l'esprit, une façon de se demander quel cours aurait pu prendre nos vies, si... C'est une histoire du quotidien dans laquelle sérénité côtoie émotion et souvenirs d'enfance. C'est une histoire simple et pure, portée par un dessin élégant et épuré, en noir et blanc, au graphisme minutieux et au trait gracieux, d'une grande finesse. Ce que j'aime particulièrement dans cet album ce sont ces cases quasiment sans textes, cette manière de donner énormément de sens au silence, cette capacité à produire du sensible même dans les scènes les plus banales. Sans grandiloquence, avec humilité, ce récit entre rêve et réalité envoûte par sa petite musique triste et sa grande tendresse.

Taniguchi revisite ainsi avec habileté le thème du voyage dans le temps et apporte une réponse élégante au paradoxe du retour vers le passé et des risques d'interactions avec le présent : la fin de cette histoire est à la fois attendue, logique et surprenante.
Lien : http://descaillouxpleinleven..
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