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Critique de madameduberry


A la Recherche du temps perdu, mâtiné de Retour vers le futur: dire cela du très beau manga de Jirô Taniguchi peut donner une idée de sa thématique, , mais n'épuise aucunement son contenu, sa qualité graphique, sa poésie. Pour les profanes, comme moi, dont c'est la première lecture de manga, quelle entrée en matière et quel éblouissement! Je retrouve en fait la mélancolie, la qualité philososophique, la profondeur que j'ai tellement appréciées dans les quelques dessins animés japonais que j'ai vus,( la violence et la douleur de certains méritent une réflexion spécifique, avec quartier lointain, c'est la douceur qui est déclinée): Princesse Mononoké, le Tombeau des lucioles, Arrietty, et dernièrement le vent se lève, les seules réserves que je ferais concernant ces oeuvres comme le livre en question étant le traitement des visages, si lisses qu'ils ressemblent à des masques. Cela me fait penser que les sentiments, émotions, la psychologie des personnages ne sont pas traités, à l'occidentale, par le rendu des mimiques et expressions faciales, mais par d'autres procédés que des exégètes plus fins que moi pourront sûrement analyser. Ce qui m'a vraiment plu, dans Quartier lointain, c'est le traitement des souvenirs, le côté onirique, la double focale entre le présent et le passé, dont on ne sait plus lequel est la réalité et le point d'attache du sujet, qui "flotte" entre son moi passé et son moi présent, et se trouve en constant décalage avec lui-même. L'idée que le désir, au sens large, c'est à dire l'aspiration à se réaliser, doit finir par trouver sa voie, et que le désir est souvent confondu avec la jouissance, qui l'écrase et fait que l'on se fourvoie sur ce que l'on recherche vraiment. Je risque une interprétation, en espèrant ne pas aplatir, ni afadir, ni réduire la portée de cette oeuvre qui en possède tellement d'autres . Ne peut-on penser que le héros, qui semble insatisfait de sa propre vie et quasiment "en partance", larguant les amarres à travers l'usage immodéré de la boisson (la jouissance) et la tentation de quitter sa famille, refait, sans en avoir conscience, le trajet supposé de son père, marche dans ses pas, par identification et peut-être dans une tentative de comprendre le ressort de son départ? La fin, qui paraît triste, ressemble plutôt à un nouveau départ, où le héros cesse de marcher dans les pas de son père et se réconcilie avec sa propre vie, après un parcours à rebours qui lui permet de lâcher son identification au père, tout en lui conservant son amour.
Bref, il y a tant d'autres façon de parler de ce livre, qu'il ne faut pas s'arrêter à une explication, mais se laisser emporter par sa propre rêverie .Une magnifique découverte en tout cas, que je dois à Babelio.
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