AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de JLBlecteur


Une déambulation hasardeuse mais visible dans les couloirs où les salles des pas perdus de l'aéroport de Roissy, dérobée dans les coursives souterraines terminaux.
Des instantanés volés dont la caméra est un oeil aiguisé qui chipe un moment pas même choisi, seulement vécu, un polaroïd sans pellicule, un Minolta qui tourne à vide,  enrayé, des clichés surexposés !
Un présent sans objectif ! Une illusion d'optique.

On devine que c'est une femme qui parle, une femme qui se dérobe quand des velléités de rapprochement se dessinent, une femme qui s'échappe, par la pensée vers les destinations rêvées qui envahissent les moniteurs, à la présence des autres quand le risque de se faire prendre devient trop prégnant.

Elle fuit, elle s'enfuit, elle se fuit et essuie les larmes d'un passé qui, lui aussi, s'est enfuit, enfoui sous des tonnes de questions qui restent sans réponses. Ou par bribes les réponses, comme un puzzle qui refuse de se laisser dompter.
Contre la passé il n'y a rien à faire alors elle ne fait rien.  
Elle squatte faute d'habiter
Elle grinche faute de voler
Elle s'invente faute de se connaître
Elle mystifie faute d'avoir son histoire.
Elle se la raconte faute de pouvoir se raconter
Elle brode parce qu'elle a perdu le fil de sa vie.

Une vie sans canevas, pas cousue de fil blanc, une vie envolée sans envolées, clouée au sous-sol dans les dédales d'un aérogare ou elle a atterri sans crier gare. Gare à quoi d'ailleurs, elle ne le sait même pas ! Alors elle fouille les poubelles comme elle fouille sa mémoire en charpie, elle cherche à savoir, à se savoir, à se voir avant, ailleurs, elle se cherche tout bêtement.

Un roman attachant ou s'entremêlent délicatement le propos purement fictif et romanesque de cette femme qui s'est perdue, ici, dans les entrailles du monstre Roissy (se retouvera-t-elle?) et le témoignage quasi journalistique que l'on pourrait faire sur cette faune qui hante le corps gigantesque du monstre ou nous sommes amenés, parfois, à transiter sans voir ceux qui l'habitent fantomatiquement, accaparés que nous sommes par les horaires que nous tenons à respecter.

Un autre monde, un ailleurs pourtant à un jet de RER de la capitale. Une Odyssée sans l'espace !

Un roman très cinématographique avec son décor sublimé, son histoire qui vire à la quête, une héroïne tragique entourée de second-rôles typés et hauts en douleur !!
 
Commenter  J’apprécie          170



Ont apprécié cette critique (17)voir plus




{* *}