À la recherche de Jeanne

Le quartier de Gilo est situé en Cisjordanie, au sud-ouest de Jérusalem-Est. Annexé au début des années 70 après la guerre des Six Jours qui opposait Israël aux pays arabes voisins, ce quartier est considéré par de nombreux pays comme illégal. Pour la communauté internationale, c’est une colonie. Son architecture est étrange, foutraque, certains de ses immeubles sont délabrés.

La différence de niveau de vie entre Gilo et Bethléem (juste en face) est criante dès que l’on passe le check-point. La pauvreté saute aux yeux, même les chats palestiniens sont plus faméliques que leurs voisins israéliens. C’est le revers peu reluisant d’un État qui pratique une politique d’annexion injuste.

Tu sais Jeanne…
Dans ma famille, on ne parlait ni de la guerre…
… ni de nos racines juives…
… ni de Jeanne.
Il n’était pas question de prononcer les mots chambre à …
…
… chambre à gaz…
Tout ce silence a créé des trous dans mon histoire.
Je crois que c’est à cause de ça que je n’ai jamais eu beaucoup de mémoire…

En face de Gilo se dresse le mur de séparation construit en 2002 suite à des attentats palestiniens. Qualifié de « mur de sécurité » par ses partisans mais aussi de « mur de la honte » ou « mur d’annexion » par ses opposants, il sépare Israël des territoires palestiniens.
On sait que ce mur existe, pourtant, quand on le voit pour la première fois, sa violence frappe en plein cœur.

C’est drôle les chemins que prennent les souvenirs comme de se transformer avec le temps. J’ai tendance à penser que les souvenirs que l’on crée ou que l’on déforme sont aussi importants que les vrais. Mais je sais que dans certains cas et en l’occurrence lorsqu’il s’agit de la Shoah, les faits circonstanciés et précis sont nécessaires pour transmettre une histoire commune qui ne soit pas niable, qui ne soit pas discutable.

Jeanne était mon arrière arrière grand mère… jusqu'à récemment je n'avais aucune idée de qui elle était, ni de comment elle avait vécu...J'ai toujours su qu'elle avait existée pour une raison : elle a été déporté au camp d'extermination de Sobibor, car elle était juive et n'est jamais revenue...Elle était donc pour moi et peut être aussi pour beaucoup de sa descendance LA déportée de la famille "

La Shoah est comme une grosse tache noire, douloureuse et indélébile. Elle s'octroie le monopole des souvenirs, même ceux qui n'ont rien à voir avec elle.